samedi 28 juin 2008

MAIS OU EST LE P.S. ?


35 heures, télé publique, Europe: les socialistes, accaparés par leur congrès, laissent le champ libre à Sarkozy et à Besancenot.
DAVID REVAULT D’ALLONNES
LIBERATION : SAMEDI 28 JUIN 2008.


Des dirigeants en quête de lumière et, à l’arrivée, un PS en coupure de son. Plus de treize mois après l’installation à l’Elysée de Nicolas Sarkozy, la principale force d’opposition, presque exclusivement tournée vers sa compétition interne, demeure, de l’avis même de ses leaders, plus «inaudible» que jamais. La dernière séquence politique n’a pas, loin de là, démenti la tendance : entièrement occupés à la rédaction et à la présentation de leurs contributions respectives en vue du congrès de Reims, en novembre les ténors du parti n’ont guère brillé par la puissance de leur expression.
Qu’il s’agisse de la réforme des 35 heures, de l’incendie du centre de rétention de Vincennes ou de la prochaine nomination par l’Elysée du patron de la télévision publique. Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris, résume: «Nous n’étions déjà pas très audibles. Mais avec le temps des contributions, qui se multiplient comme des petits pains, nous le sommes encore moins.»
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Réflexe Lucky Luke.
Sur bien des dossiers, pourtant, on n’entend pas, entre socialistes, de désaccords majeurs quant à l’idéale position de l’opposition. «Les voix ne sont pas forcément discordantes. Mais chacun pense que la sienne est destinée à avoir un éclat supérieur aux autres. C’est le réflexe Lucky Luke: à celui qui dégainera plus vite que son ombre», se désole le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas. «N’importe qui dit ce qu’il a envie de dire», confirme son collègue des Alpes-de-Haute-Provence, Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal.
De toutes les cases de l’échiquier socialiste monte le même refrain : l’impérieuse nécessité d’en finir avec une pratique politique socialocentrée. «Ce qui serait formidable, c’est qu’on redevienne un parti qui parle d’abord aux Français», dit Martine Aubry. «Plutôt que d’avoir des arrière-pensées ou des avant-pensées, il faudrait prendre quelques instants pour avoir des pensées», dit aussi Guillaume Bachelay, proche de Fabius. «Il y a une grande colère dans le pays», dit encore Ségolène Royal : «Les militants ne sont pas heureux de ce qui se passe.»

Paquet fiscal et pouvoir d’achat.
Le PS, pourtant, a su, sur certains sujets, faire entendre sa voix. Ainsi, sur l’emblématique dossier du paquet fiscal. Et, au-delà, sur la question du pouvoir d’achat. «Là où nous avons réussi à enfoncer le clou, c’est sur le tropisme d’une politique menée pour les riches et les puissants», estime Jean-Christophe Cambadélis. Ce qui permet à André Vallini, proche de François Hollande, de contester «une espèce d’autoflagellation permanente, typique de la gauche, alors même que la droite a trouvé qu’on n’était pas si mauvais.» Reste que d’autres dossiers ont démontré une carence certaine. Celui de la question scolaire, sur laquelle Jack Lang se dit «navré de ne pas avoir entendu un seul grand dirigeant tirer la sonnette d’alarme. Darcos a face à lui un ventre mou.»
On attend toujours de comprendre quelle est l’exacte position du PS sur le traité de Lisbonne et sur la réforme constitutionnelle dont les déconvenues sont aujourd’hui davantage imputables aux sénateurs de droite qu’au PS…

35 heures.
Quant au terrain social, en particulier celui des 35 heures, de moins en moins assumées par les socialistes, des absences criantes sont à signaler. Dont celles du PS à la journée d’action intersyndicale du 17 juin, à laquelle le Bureau national avait pourtant appelé à participer «massivement».
Alors que François Hollande, le soir même, parlait football à l’émission 100 % Euro, sur M6, «pas l’ombre d’un ténor sur le pavé», ironisait alors le député européen Benoît Hamon, tendance gauche du parti, qui s’interrogeait : «Qui était là à leur place?» Réponse: Olivier Besancenot, qui réunit ce week-end ses comités en vue de la fondation du futur Nouveau parti anticapitaliste, ne manque pas d’exploiter le filon : «Ceux qui à gauche aident le plus la droite c’est, a priori, ceux qui ne s’y opposent pas.»

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