vendredi 31 juillet 2009

QUI A DIT QU'IL N'Y AVAIT RIEN A ESPERER DE LA JEUNESSE ?

À 7 ans, il s’enfuit en voiture pour ne pas aller à la messe
BELGA
vendredi 31 juillet 2009, 08:48
Un garçonnet de sept ans a été poursuivi par la police alors qu’il filait au volant de la voiture de son père dans l’Utah parce qu’il ne voulait pas aller à l’église.
Deux policiers, avertis qu’un conducteur venait de brûler un stop, ont pris en chasse dimanche un automobiliste lancé à vive allure, sans pouvoir l’arrêter, a déclaré le porte-parole du shérif du comté de Weber, Klint Anderson, sur la chaîne Fox News.
La caméra de la voiture de police a enregistré la course-poursuite, où le fugitif roule à 65 km/h, coupant largement les virages, avant de s’arrêter dans la cour d’une maison.
Les policiers ont alors eu la surprise de voir un petit garçon sortir du véhicule et s’enfuir en courant. « Pour un enfant de sept ans, il se débrouillait bien », a commenté le capitaine Anderson en expliquant que le garçon, trop petit pour atteindre les pédales, « se baissait pour appuyer sur l’accélérateur et se relevait pour voir où il allait ».
« C’est pour cela qu’il n’utilisait pas tellement les freins dans les virages », a-t-il ajouté.
Tancé par son père, l’enfant qui a appris à conduire avec les jeux vidéo, a expliqué qu’il s’était enfui parce qu’il ne voulait pas aller à la messe.

lundi 27 juillet 2009

LES BEAUX DIMANCHES.


Les beaux dimanches
La généralisation de l’ouverture des commerces le dimanche ne saurait être étudiée sous l’angle unique de l’intérêt bien compris des marchands les plus offensifs. Elle s’inscrit dans un contexte de plus en plus « oppressant » dans lequel le consommateur renonce, sans en avoir une conscience pleine et entière, à l’autonomie de ses choix, de ses comportements, de l’organisation de son temps. Ce contexte que nous avons déjà nommé « consommationnisme » (1) devrait être analysé dans ses multiples dimensions – notamment anthropologique et symbolique – afin de replacer les arguments bassement pratiques de l’affaire à leur juste place, celle des alibis commodes usurpant le rôle de légitimation indiscutable du problème posé. On découvrirait alors que la question n’est finalement rien d’autre qu’une trivialité de plus sur la route d’une communauté humaine incapable d’imagination croyant faire encore société par la convergence moutonnière vers les temples élevés à la gloire de la divine consommation.
Rien de nouveau sous le soleil du consommationnisme
Le consommationnisme, véritable idéologie totalisante, poursuit son œuvre inlassable vers un horizon au sens social indéfini car indéfinissable autrement que par le triomphe vulgaire de la marchandise. Les marchands ont compris depuis longtemps que la réussite de leur « mission bienfaitrice » passait par la suscitation des désirs par essence illimités et non par la stricte réponse aux besoins par définition limités. Depuis cette découverte décisive de Barnays dans les années 1920 aux Etats-Unis le capitalisme n’a pas cessé de faire vivre le miraculeux principe à l’aide de pratiques et d’un discours outrancièrement caricaturaux perçus pourtant comme naturels par l’homo consumerens. La massification des techniques du marketing et des moyens de communication a puissamment servi ce dessein mercantile. Baignant dans un bain publicitaire permanent le consommateur de la société de marché est porté – quand il n’est pas bercé – par le flot unificateur et individualisant de la consommation sans faim véritable mais infinie.
Le consommationnisme, que la mondialisation néolibérale se propose d’étendre à tous les recoins de la planète, est le moteur essentiel de la Croissance avérée potentiellement insupportable bien avant la révélation médiatisée et « marketisée » de la crise écologique. La globalisation financière soumettant l’économie réelle à l’implacable loi d’airain du profit contre le salaire, le moteur de la croissance est partout alimenté par l’accélération de l’endettement du consommateur. L’impasse que constitue à terme la dérive de la vie à crédit est alimentée par le raccourcissement du « cycle de vie du produit », par l’incorporation dans le prix de la marchandise d’une dose croissante de valeur symbolique fabriquée par le discours publicitaire des firmes, par la substitution de la consommation privatisée et individualisée à la consommation collective et aux services publics.
C’est dans ce contexte de fuite en avant mortifère puisque destructrice du discernement quant à la valeur d’usage des choses et du lien social que s’inscrit la marche vers l’ouverture permanente des espaces commerciaux. Toutes les dimensions de la fuite en avant mercantile sont gouvernées désormais par le même funeste penchant : une frénésie écervelée au service d’une machine à bout de souffle.
À quoi et à qui s’adresse-t-on ?
Comme le dévoilement d’une telle trivialité ne serait pas de bon aloi il convient d’user de plus nobles arguments pour vendre le produit « magasin ouvert même le dimanche ».. Nobles arguments et, comble de la grandiloquence, nobles valeurs telle la liberté. Ainsi, l’interdiction d’ouverture des commerces le dimanche serait devenue une atteinte intolérable à la liberté d’exercice d’une activité indispensable à la vie de notre société. Liberté du commerçant de commercer plus longtemps, liberté du consommateur de pouvoir répondre en permanence aux pulsions qui le pousseraient désormais quotidiennement vers l’acte d’accomplissement de soi par la dépense, acte devenu alors un loisir comme un autre. Nous sommes fortement incités à croire, contre notre bon sens, que, malgré la réduction régulière du temps de travail, le consommateur moyen n’a pas assez de latitude pour faire ses emplettes la semaine et que la salutaire ouverture le dimanche de ses habituels lieux d’achat lui apportera un surcroît de confort très appréciable. Ne prête-t-on pas là au consommateur moyen des réflexes et des sentiments issus d’analyses plus qu’approximatives des comportements et désirs de nos congénères ? N’a-t-il pas, contre l’attente fébrile des « faiseurs d’opinion mise en marché », une idée plus haute de sa liberté ?
Posons d’autres questions encore. Dans quel mouvement social identifiable les demandes explicites des consommateurs en faveur de l’ouverture le dimanche sont-elles inscrites ? Gageons que, dans notre société éclatée par l’inexorable montée de l’individualisme durant le dernier quart de siècle, les sociologues vont chercher cela longtemps, pour peu du reste que le sujet les intéresse un tantinet. Quels sont les commerces encore fermés le jour du repos dominical que l’on veut enfin ouvrir à la supposée convoitise du chaland qui passe ? Ceux des grandes enseignes en tout premier lieu bien sûr. Parions que les petits commerçants du centre des villes ne sont pas si prompts à réclamer l’ouverture salvatrice. Ils savent qu’au jeu de l’ouverture tous azimuts ils ne disposeront pas des armes leur permettant de lutter contre les mastodontes de la périphérie urbaine.
Un terrible paradoxe
Il est temps de rompre avec la posture consistant à cantonner cette affaire dans sa seule dimension économique. Ses dimensions culturelle, sociale et politique sont autrement plus riches d’enseignements que la stricte considération des intérêts commerciaux en jeu, intérêts restant d’ailleurs à démontrer. Qui fréquente les espaces commerciaux déjà ouverts le dimanche et qui fréquentera ceux qui ouvriront demain ? La question est en apparence anodine et pourtant embarrassante. Les commerces des centres-villes déclarés « zone touristique » afin de permettre l’ouverture le dimanche sont presque exclusivement fréquentés par des gens de passage. Les commerces situés à la périphérie des villes sont visités quant à eux, par une clientèle certes habituelle mais qui ne fait rien d’autre que déplacer le moment de son approvisionnement courant. Les « grandes surfaces » et autres galeries marchandes dont on veut multiplier les ouvertures dominicales ont probablement une autre fonction que leur simple fonction utilitaire initiale. S’y rendre le dimanche, en famille, c’est en faire un lieu de promenade, un but en soi utilisé comme moyen d’occuper son temps. Là, on n’achète pas, on déambule, on flâne, on glane éventuellement quelque idée d’aménagement de son intérieur…
Et voilà le terrible paradoxe, terrible et probablement honteux. Ces lieux dont la destination première est commerciale sont détournés par une foule désoeuvrée au pouvoir d’achat insuffisant pour honorer à sa juste valeur le service qui lui est pourtant si gracieusement offert. Des cités grises d’ennui, des quartiers laminés par le chômage et la précarité, combien sont-ils à venir chercher en ces lieux saturés de lumière et du vacarme des slogans publicitaires familiers de minuscules exutoires ? Oserons-nous aller jusqu’à nous demander si le politique ne se sert pas de cette fonction socio-culturelle inattendue des centres commerciaux banlieusards en lieu et place des ambitions auxquelles il a depuis longtemps renoncé en ce même domaine ? L’apaisement social par le droit à contempler la vitrine rutilante. Le mauvais goût du marketing en remplacement de la culture que l’on n’apprend plus à ressentir. Et tout cela à sa porte, pour éviter d’aller voir ailleurs !
Cette affaire, somme toute d’une grande banalité à peine rompue par l’excessif battage commis par des journalistes en mal de « sujets de société », révèle tant de carences politiques que leur énoncé serait fastidieux. Au lieu de défendre l’extension de la liberté du commerce déjà si grande, au lieu de prêter aux consommateurs des souhaits qu’ils n’ont jamais clairement exprimés, la classe politique pourrait s’inquiéter du défaut cruel d’autres libertés. Le droit au travail, le droit à un revenu décent, le droit à une alimentation de qualité, le droit à un environnement sain, autant d’occasions manquées de parler de liberté. Décidément, l’ouverture du dimanche, sous tous ses aspects, n’est rien d’autre qu’un cache-misère !
Revendiquons le dimanche libre
Existe-t-il une fatalité de l’extension de la sphère économique au détriment des aspects non lucratifs de la vie des hommes ? Le credo néolibéral tente de nous en persuader : hors du marché, point de salut. Nous devons résister à ce truisme, montrer qu’au-delà d’un certain seuil – sans doute difficile à déterminer – l’emprise de l’économique compromet gravement la capacité des individus à faire société. Il est ici un autre paradoxe : trois grands économistes aux doctrines fort distinctes, Adam Smith, Karl Marx et John Maynard Keynes, ont porté le même jugement, chacun à son époque, quant au périmètre qu’il convient d’attribuer aux contingences économiques. La portion la plus congrue qui soit grâce à l’amélioration du fonctionnement des systèmes productifs et d’échanges car ces choses-là sont de peu d’intérêt pour l’épanouissement humain. Les hommes ont en effet tellement d’autres penchants à cultiver tels l’amour, l’amitié l’art, l’enrichissement intellectuel, le dialogue singulier avec soi-même, etc. Nos sociétés « modernes » frénétiques auraient de quoi effrayer ces penseurs d’autrefois, à commencer par le premier d’entre eux dont se réclament pourtant à l’envi les économistes néolibéraux d’aujourd’hui, si le désir les prenait de revenir nous visiter.
Soyons nombreux dès maintenant à partager et faire vivre l’idée que l’économie doit être ramenée dans son lit afin de laisser libres les vastes contrées à fertiliser par d’autres valeurs que celles du lucre et du bazar généralisé. Sur le chemin de la réappropriation de l’espace et du temps par chacun et pour tous, gage de renouveau du « faire ensemble » et du « faire soi-même » contre le prêt à consommer d’une société hyper sécuritaire, pourquoi ne pas commencer par la récupération du dimanche ? Reconnaissons que le fait de décréter le dimanche jour de « non économie marchande » n’est qu’un mince caprice. Il en faudra bien d’autres avant que de pouvoir entrer de plein droit dans l’ère de la consommation mesurée et conviviale. Ce champ-là est cependant potentiellement plus vaste qu’il n’y paraît.
Les « résistants du dimanche » sont déjà nombreux. Nous nommons ainsi tous ceux qui, dans des structures aux contours extrêmement variés, (ré)inventent leur quotidien et leurs trajectoires en marge des sentiers battus par le pas cadencé de la troupe du général Audimat. Tous ceux qui fuient la Grandedistrib’, qui fondent des Amap, des Systèmes d’échanges locaux, des Réseaux d’échanges de savoirs, les recycleurs et ressourceurs, les « déboulonneurs », les « faucheurs volontaires », etc. Ça fait du monde… Et ça pourrait faire le monde demain. Car c’est dans les marges des sociétés en bout de course que naît le ferment qui réenchantera le monde. Lyrisme et utopie que tout cela ? Certes ! Mais comment imaginer autrement les beaux dimanches ?
Yann Fiévet Professeur de Sciences Économiques Et Sociales Président d’Action Consommation
1 – « Le consommationnisme est un système (…) pourvu de principes de fonctionnement particuliers, de valeurs mobilisatrices propres à nourrir sa croissance, d’un discours spécifique célébrant en permanence le culte de l’autosatisfaction et dissimulant tout à la fois les vrais buts et la nature réelle de son existence. Le but premier de ce système est de fournir au mode de production dominant (le capitalisme mondialisé) l’assise lui permettant de se perpétuer et d’étendre son emprise sectorielle et géographique. » Yann Fiévet, Les tares du consommationnisme, in Repolitiser l’écologie, ouvrage dirigé par Paul Ariès, Parangon, 2007.
Texte à paraître chez Golias dans un ouvrage collectif condamnant l’ouverture des magasins le dimanche.

LA GRIPPE A : GRIPPE DE L'AGRO-INDUSTRIEL.

La grippe A : la grippe de l’agro-industrie !
Texte d’analyse commun Attac France - Confédération paysanne

http://www.france.attac.org/spip.php?article9914
Le modèle agro-industriel mis en en cause.
La bataille qui s’engage sur le nom de la grippe A-H1N1 permet d’occulter, dans le déferlement médiatique, les réelles causes de l’apparition et de la propagation de ce virus. Pourtant, de plus en plus d’ONG, de chercheurs, de journalistes nord-américains et de témoignages des populations mexicaines mettent en cause le modèle agro-industriel, piloté par les multinationales et engendré par la mondialisation néolibérale.
Il n’existe aucune certitude sur l’origine précise du virus, mêlant des souches humaine, aviaire et porcine. Mais tout laisse à penser que sa transmission est fortement liée à l’agro-industrie. Cela fait des années que de nombreux scientifiques avertissent que l’industrialisation des élevages et la très forte concentration des animaux favorisent la transmission et la recombinaison virales (1) .
Une piste sérieuse concerne la plus grande multinationale de viande porcine, Smithfield Foods, qui s’est implantée, sous le nom de Granjas Carroll, dans la communauté mexicaine de la Gloria. Depuis des mois, les habitants se plaignent de maladies respiratoires et de morts étranges, qu’ils ont très rapidement liées aux conditions d’hygiène scandaleuses de la multinationale (par exemple, des charognes de porc qui pourrissent à l’air libre) (2). C’est ici que le premier cas de grippe porcine a été diagnostiqué dans le pays. Les autorités mexicaines se sont visiblement efforcées d’étouffer l’affaire. Smithfield Foods a pourtant déjà été dénoncée par les populations victimes de ses pratiques d’élevage, qui mettent en danger la santé publique. Mais, comme pour d’autres multinationales agroalimentaires, l’impuissance ou le laxisme des autorités ont permis à la loi du libre investissement de s’imposer.
Un autre foyer potentiel a pu être identifié par des chercheurs américains en Caroline du Nord, où l’agriculture porcine est la plus concentrée et la plus industrialisée du pays (3) . D’autres foyers pourront être identifiés. L’important est de bien voir les énormes risques sanitaires engendrés par une industralisation à outrance de l’élevage par quelques multinationales, cela malgré les avertissements de très nombreux chercheurs et institutions. Depuis quarante ans, on est passé de cinquante à mille porcs par ferme en moyenne aux États-Unis. Les élevages de Smithfield Foods concentrent chacun plusieurs dizaines ou centaines de milliers de porcs confinés dans d’immenses hangars, dans des mares d’excréments, avec de très importantes déjections polluantes et des antibiotiques qui multiplient les résistances. On est à dix mille lieues de l’élevage paysan et familial.
Les causes profondes : libre-échange et mainmise des multinationales
Le fait que cette grippe ait d’abord été localisée au Mexique et en Amérique du Nord n’est certainement pas un hasard. Depuis 1994 a été créée une zone de libre-échange, l’ALENA, entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, consacrant le libre marché au mépris notamment du principe de précaution. Sans possibilité de protection, l’agriculture mexicaine a été décimée par une importation massive de produits agricoles à très bas prix. Les multinationales agroalimentaires des États-Unis ont pu investir et s’implanter massivement au Mexique pour échapper aux réglementations contraignantes imposées dans leur pays. Sans oublier que le Mexique a été soumis à des programmes d’ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale à partir des années 1980. Ces programmes ont notamment poussé l’agriculture à s’orienter vers les exportations, au détriment des productions vivrières et paysannes. Les conditions étaient réunies pour une dérive vers une agriculture industrialisée, polluante et sans règles environnementales, sociales et sanitaires.
La propagation de cette grippe révèle également l’échec des systèmes de prévention, notamment de l’Organisation mondiale de la santé, et des systèmes de santé publique en Amérique du Nord, privatisés, avec trop peu de moyens et incapables d’une réaction rapide et coordonnée. De plus, l’industrie pharmaceutique a tout fait pour combattre les initiatives des pays du Sud visant à produire, de façon publique et générique, des antiviraux aussi cruciaux que le Tamiflu des laboratoires Roche (4) .
Comme pour la grippe aviaire, une cause profonde se trouve du côté du libre-échange et de la mainmise des multinationales. Il est urgent que soit mise en place une évaluation indépendante de l’origine du virus, des impacts de l’industrialisation des élevages, notamment en Amérique du Nord, et du délabrement du système de santé publique. Ce ne sera pas chose facile : de même que pour la grippe aviaire, il est probable que l’industrie porcine fasse tout pour obstruer les enquêtes. À plus long terme, le modèle agricole industriel, ainsi que les accords de libre-échange et la libéralisation des marchés qui l’ont engendré, doivent être remis en cause. Les échanges mondiaux doivent devenir solidaires et coopératifs, dans le respect du droit à la souveraineté alimentaire et de celui de chaque peuple à protéger son agriculture, en particulier contre les multinationales (5). Sinon, il faut s’attendre à des catastrophes sanitaires d’une ampleur toujours plus grande.
Notes :
(1). Voir le site de l’ONG Grain (http://www.grain.org/articles/ ?id=50) ; Bernice Wuethrich, "Chasing the Fickle Swine Flu", Science, Vol. 299, 2003 ; voir aussi l’article “Expert Panel Highlights Serious Public Health Threats from Industrial Animal Agriculture”, qui relate les avertissements d’un panel d’experts devant le Congrès, en novembre 2008, sur les grands risques sanitaires liés à la concentration des élevages de porcs, http://www.pewtrusts.org/news_room_detail.aspx ?id=37968.
(2). Selon notamment le quotidien régional La Jornada. Dans cette région existent également de nombreux élevages intensifs et industriels de volailles et une grippe aviaire y a sévi récemment, source potentielle d’une recombinaison virale.
(3). Article de Michael Greger, directeur de la santé publique et de l’élevage pour “The Humane Society of the United States”, http://sheepdrove.wordpress.com/2009/04/30/h1n1-flu-virus-link-to-usa-pig-industry/. Le “Bulletin de l’Académie vétérinaire de France” écrivait également en 2004 : “Depuis le début des années 2000, la grippe du porc en France concerne avant tout les élevages de Bretagne, où la densité porcine est la plus élevée. Elle a un impact économique considérable dans les élevages de cette région. L’activité grippale est le fait de virus A/H1 d’origine aviaire (A/H1N1) ou de réassortants (A/H1N2). L’instabilité des virus grippaux suppose d’adapter régulièrement les outils de détection afin de permettre une épidémiosurveillance efficace.”
(4). http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/apr/27/swine-flu-mexico-health.
(5). Sur ce sujet paraît bientôt un livre d’Attac Europe-Via campesina Europe, Souveraineté alimentaire : que fait l’Europe ?, Paris, Syllepse, 2009.
Attac France, Confédération Paysanne,
le 6 mai 2009

samedi 25 juillet 2009

DU REGNE DE LA BETISE A LA POLITIQUE DE LA TERREUR.

Du règne de la bêtise à la politique de la terreur / Bernard Stiegler
Publié 21 novembre 2008 dans Flux

Dans les formes les plus avancées de l’époque hyperindustrielle des sociétés de contrôle, la surmoïsation est liquidée, tout comme la figure du père, et avec elle, l’autorité de tout principe. Ces liquidations déchaînent littéralement le ressentiment - ainsi de certaines réactions caricaturales ces derniers mois en France (déclarations pathétiques de Finkielkraut dans la presse à la suite des émeutes urbaines) - ce qui, par un paradoxe qui n’est qu’apparent, et face aux passages à l’acte sans vergogne, c’est-à-dire face aux régressions vers le pire, toujours plus nombreuses, et toujours pires, tend à aggraver les processus de culpabilisation tout en généralisant le défaut de vergogne.
La censure devient alors à la fois :
- autocensure et organisation sociale de l’inhibition par la désindividuation psychique aussi bien que sociale ;
- liquidation des barrières à la circulation et à la consommation des marchandises que sont les singularités, ainsi censurées ;
- destruction conséquente du narcissisme primordial du je comme du nous ;
- croissance grégaire du on - croissance de ce "désert" qu’est l’immonde.
J’ai soutenu dans Mécréance et Discrédit I comment ce que j’ai appelé la "prolétarisation généralisée" engendre la désindividuation psychique par la particularisation des singularités. Je tente ici de montrer que ce processus conduit au problème du surmoi, et non seulement du narcissisme, à un processus de désindividuation collective, c’est-à-dire à la liquidation du social comme tel : à la barbarie.
La désindividuation comme particularisation des singularités par le calcul devient inévitablement l’organisation fonctionnelle de la libération des pulsions au service de la consommation : l’exploitation de l’énergie libidinale ayant ruiné celle-ci, il n’y a plus à proprement parler de désir, ni donc de surmoi. Et comme il faut cependant continuer à écouler les objets de la production industrielle sur laquelle ne peut plus se fixer une énergie libidinale épuisée, le système fonctionnel qui organise l’écoulement des flux de marchandises, de consciences et d’humeurs en tout genres, à savoir le système des industries culturelles, excite ce qu’il reste lorsqu’il n’y a plus de désir, à savoir : les pulsions.
Le désir n’est rien d’autre que la liaison des pulsions, et lorsqu’il est liquidé, elles règnent. Dans le règne des pulsions, le désir ne peut plus accomplir ce qui est son essence, à savoir la sublimation où s’élèvent les corps psychiques et sociaux comme la transindividuation des individuations (comme le processus où l’individuation psychique se concrétise comme individuation collective, ce qui engendre notamment ces rétentions secondaires collectives par lesquelles se constituent des symboles, des significations, des supports synchroniques avec lesquels compose la diachronisation en quoi consiste l’individuation, ce qui confère aux significations leur sens, c’est-à-dire leur motif : leur raison).
C’est pourquoi le règne des pulsions est aussi et nécessairement celui de la bêtise - le pire de tous les maux, nous dit Sophocle.
Le pire de tous les maux, c’est-à-dire le plus intime. La bêtise inspire la honte : faire l’épreuve de la bêtise comme bêtise, se trouver confronté aux formes innombrables de la bêtise, c’est éprouver cette honte d’être un homme - que les Grecs appellent aidôs -, c’est-à-dire un mortel. Le risque est alors de traiter la bêtise soit comme une erreur, soit comme la culpabilité de vivre cette honte comme une honte devant une culpabilité : le risque est de transformer sa propre honte en culpabilité. Cette honte qui affecte celui qui est confronté à la bêtise, c’est l’expérience de ce que la bêtise est ce qui menace le plus intimement celui qu’elle affecte comme possibilité de sa propre bêtise. Et c’est cette structure d’auto-affectation qui tend alors à se transformer en culpabilité, c’est-à-dire en ressentiment et en dénégation. C’est pourquoi Dork Zabunyan peut écrire que "d’un point de vue transcendantal, la bêtise doit ainsi s’entendre comme étant ma propre bêtise, dans la mesure où ma pensée se découvre comme faculté véritablement engendrée, c’est-à-dire, dans la terminologie deleuzienne, comme faculté supérieure, à travers cet "impouvoir" naturel que la bêtise lui révèle en droit".
Ethique et morale
Si la liquidation du désir, à quoi conduit la destruction de l’économie libidinale à l’époque hyperindustrielle des sociétés de contrôle, est nécessairement aussi la liquidation de la justice et du droit, c’est-à-dire du surmoi, c’est également celle de l’éthique, dont l’aidôs est le savoir (comme succulence - saveur - de ce qui fait défaut(s), c’est-à-dire singularités). Et ce savoir, comme savoir de ce qui fait défaut, est nécessairement aussi un non-savoir : un savoir qui reste toujours à venir, et vers lequel il faut s’élever en tant que ce qui consiste sans exister.
C’est pourquoi l’éthique n’est pas la morale : elle est ce qui, comme vergogne, assigne leur place (leur ethos) aux justiciables, précisément en tant qu’ils sont sujets à la différence entre l’existence et la consistance, c’est-à-dire aussi à l’épreuve de la honte, à l’intimité de la bêtise : en tant qu’ils ne sont ni des dieux, qui consistent purement et simplement (dikè est d’abord Dikè, une déesse - celle à laquelle Hésiode s’adresse dans les Travaux et les Jours), ni des bêtes, qui ne peuvent que subsister. L’éthique, comme la justice, est ce qui doit être interprété, et qui ne peut donc en aucun cas être codifié. C’est la raison pour laquelle c’est Hermès, dieu de l’hermeneia en même temps que de l’écriture (des hypomnémata), qui porte aux mortels ces deux sentiments.
L’éthique devient la morale lorsque, comme le droit se posant en principe immuable, et non en processus et en objet d’individuation, c’est-à-dire de désir, elle se fige en un corps de règles d’usages se définissant comme normes de vie, fondées sur la culpabilité, et niant, par là même, la singularité des existences dans leurs expériences propres de la différence irréductible entre ce qui existe et ce qui consiste - c’est-à-dire, aussi bien, niant la singularité des interprétations éthiques que sont les individuations concrétisées. Mais l’éthique commune, c’est aussi ce que concrétisent les moeurs (la Sittlichkeit).
A l’âge moral et culpabilisateur, le défaut d’existence de ce qui consiste est vécu comme la faute de celui qui existe.
Mais cette négation de la singularité des existences par la morale n’est pas encore la désindividuation qu’organise le règne des pulsions dans les sociétés de contrôle. Elle est au contraire ce qui constitue une tendance à la répression avec laquelle le désir compose, et dont il se nourrit, tout comme le principe de réalité est la condition, en tous les sens du terme, du principe de plaisir (c’est ce que Jacques Derrida a appelé leur stricture).
Composition et décomposition (ptôsis : déclin, débandade) de l’économie libidinale : le règne du cynismeL’économie libidinale est une économie de tendances, et la tentation hypostasiante est toujours d’affirmer soit le primat d’une tendance, soit le primat de la tendance contraire. Le mouvement du désir, comme processus d’individuation, est ce qui ne cesse de composer avec ces deux tendances. En revanche, la désindividuation en quoi consiste la prolétarisation généralisée (la perte des savoir-faire et des savoir-vivre des producteurs et des consommateurs, qui, les privant de leurs possibilités d’ex-ister, les prive tout aussi bien des savoirs élémentaires que sont diké et aidôs, et qui constituent l’éthique et la justice du narcissisme primordial), qui est induite par l’hypersynchronisation des temps de conscience (des "temps de cerveaux disponibles") et des mouvements des corps (des comportements - de production ou de consommation), induit la décomposition de ces tendances. C’est dans une telle décomposition (ptôsis) que la mécréance et le discrédit règnent avec les pulsions : le pulsionnel pur est purement cynique.
Il est admis que la grande secousse qu’aura été, dans de si nombreux pays, le printemps de 1968, fut largement induite par une critique de la morale et du droit bourgeois. On a soutenu avec raison que Herbert Marcuse avait inspiré la jeunesse du monde entier, et en particulier la jeunesse américaine, dans ce mouvement de "contestation" (qui fut cependant aussi provoqué par le cynisme de la politique américaine, dans sa guerre au Vietnam), car c’est ainsi que fut qualifiée, comme "contestation", cette critique qui, du coup, perdit rapidement tout esprit critique.
Il ne fait pas de doute que l’idéologie de la libération des structures sociales issues du passé (et en effet figées, et qu’il fallait en effet critiquer), qui se répandit après 1968 dans toutes les couches de la société, et dans tous les pays du monde industriel, conduisit à la lente mais inéluctable liquidation des structures d’Etat, et, au-delà, à la fois au renoncement à une politique publique inspirée par une croyance politique, et à la flexibilisation de toutes les structures sociales à quoi devaient finalement conduire ces sociétés de modulation que sont les sociétés de contrôle, toute existence et toute consistance étant réduites par l’impératif de produire et faire circuler des subsistances. Autrement dit, la réaction contre le cynisme d’Etat, dont la guerre du Vietnam fut un symbole mondial, cynisme issu de la raison, de la morale et du droit "bourgeois", cette réaction contre le cynisme qu’aura été la "contestation" aura préparé l’avènement du cynisme sans précédent qui caractérise la décadence des démocraties industrielles comme la plaie de notre temps (Luc Boltanski et Eve Chiapello ont soutenu une thèse proche de la mienne sur ce point dans le Nouvel esprit du capitalisme. J’y reviens dans le tome 3, en soutenant toutefois qu’il s’agit moins là d’un nouvel esprit du capitalisme que d’une perte de l’esprit et de la raison, perte très nouvelle en effet, mais qui est la ruine de ce capitalisme, et non son renouveau).
Tout ceci aboutit de nos jours à un immense processus de désublimation, c’est-à-dire, tout aussi bien, à la liquidation de l’éthique et de la justice - dont on se revendique d’autant plus. Et c’est au moment où elles sont liquidées qu’est plus fortement claironné un "retour" aux "valeurs" que sont la morale et le droit. Mais de telles valeurs, sans éthique et sans justice, sont sans valeur. Elles ne permettent aucune individuation, et elles deviennent purement répressives et profondément régressives : elles ne transindividuent rien.Et c’est ce que savent les citoyens, qui n’y croient pas. Mais n’y croyant pas, ils deviennent mécréants, c’est-à-dire cyniques. Et c’est ainsi que se forme le cercle vicieux qui conduira, si rien ne change, à une politique généralisée de la terreur.
Bernard Stiegler.Mécréance et Discrédit, 2 : les sociétés incontrôlables d’individus désaffectés / 2006.
http://lesilencequiparle.unblog.fr/2008/11/21/du-regne-de-la-betise-a-la-politique-de-la-terreur-bernard-stiegler/

vendredi 17 juillet 2009

AU TEMPS DE L'INTERNET C'EST LA VITESSE ET LA CAPACITE A CHANGER QUI SAUVERONT LES INDIVIDUS ET LES ORGANISATIONS.

Le Monde. Opinions.
Au temps de l'Internet c'est la vitesse et la capacité à changer qui sauveront les individus comme les organisations
par Didier Cozin, ingénieur de formation professionnelle.
08.07.09.
Au XIX et XXème siècle nos compatriotes ont massivement quitté les campagnes pour aller s'embaucher en ville dans les entreprises industrielles puis tertiaires. Ce mouvement, à la vitesse de la vapeur, a permis à notre pays de jouer un rôle économique et social important durant deux siècles. Les Rastignac arrivaient par le train depuis leurs campagnes ou de lointaines contrées d'europe de l'Est pour prendre possession de la ville grâce à leur capactité d'adaptation et leur intelligence. Tout cela fut fort bien décrit par nos romanciers et cette société balzacienne a en grande parti façonnée nos mentalités, nos idées politiques, notre développement économique et social (toutes nos institutions sont issues de la IIIème république, du combat pour la laïcité et la neutralité de l'Etat...)
A cette époque là, celle de la vapeur, le rythme du changement (car la vie est changement) épousait celui du train. Un pays changeait au fur et à mesure de l'ouverture des grandes (ou petites) lignes de train et le pays légal avançait lui aussi à la vitesse du train (le fameux train de sénateurs).
Mais notre pays n'a pas fondamentalement changé depuis le XIXème siècle, notre univers politique, économique et social et largement inspiré de cette époque (sans doute bénie) où la France était une des 3 ou 4 grandes nations industrielles de la planète.
Las, rien n'est éternel et désormais nous changeons de braquet, de rythme et d'échelle, ce n'est plus le transport physique des hommes ou des marchandises, qui assure la suprématie d'un pays mais le transport intellectuel des idées, des concepts, des services et des innovations. Internet recompose toutes les hiérarchies (il les casse aussi par ailleurs), les individus, les institutions, les entreprises, les États sont remis en question par Internet et les télécom avec leurs fulgurantes réussites (mais aussi chutes, voir GM aux USA).
A ce nouveau jeu nous avons le plus grand mal à nous adapter. Dans quelques jours le parlement discutera de la réforme de la formation professionnelle. Ce texte a été en grande partie élaboré par des partenaires sociaux nés au XIXème siècle et incapables d'appréhender la vitesse des temps que nous vivons. La réforme de la formation est déjà donc plombée car elle ne prend pas en compte les nouvelles données économiques et sociales induites par la crise.
Si notre pays en a encore les moyens on imagine déjà les rapports et livres blancs qui décriront le chaos et la désespérance sociale qu'aura provoquée cette nouvelle réforme ratée.
Il ne s'agit pourtant pas de mauvaise volonté mais d'une inadaptation profonde d'un modèle économique et social figé et conformiste. Nos compatriotes luttent pour leurs droits acquis. Quand l'humanité comptera bientôt 7 milliards d'individus, quand plus de 1 milliard de travailleurs sont pauvres (moins de 2 $ de revenus par jour) nos petites luttes syndicales ou politiques sont dérisoires. Nous sommes des adeptes du coup de barbouille alors que notre pays doit entrer dans un perpétuel et total mouvement de changement social et intellectuel. Il en semble incapable, tout juste bon à jouer l'autruche avec ses 1/2 mesures et ses palliatifs qui n'en finissent pas d'être insuffisants. Quand le Titanic coule rien ne sert de ramer ou d'écoper dans les soutes du navire, il faut le mettre en cale séche et tout reconstruire.
Ce sera une évidence dans quelques années mais en aurons nous toujours les moyens ?

vendredi 10 juillet 2009

LE MICROCREDIT EST-IL EN PASSE DE TUER LES PAYSANS INDIENS A PETIT FEU ?


LE COURRIER.CH.
Paru le Mardi 16 Juin 2009.
PROPOS RECUEILLIS PAR ISOLDA AGAZZI.
PAUVRETÉ - Le coordinateur d'Action de Carême en Inde fustige les effets pervers de la microfinance, un système très en vogue dans son pays, et prône un modèle à visage humain fondé sur une micro-épargne. Les Adhivasi et les Dalits représentent le quart de la population indienne. Endettés, ces autochtones et intouchables deviennent les esclaves des propriétaires terriens et n'ont alors plus accès à l'éducation, à l'eau potable, au logement et aux droits civiques au niveau local. Privés de leurs moyens de subsistance, ils sont poussés à la migration par les investissements étrangers dans les mines, les forêts et les agrocarburants. Cette mutation se solde par un nombre impressionnant de suicides. Action de Carême mène depuis seize ans un programme de micro-épargne dans plus de deux mille villages du Nord et du Sud de l'Inde. Son coordinateur national, Ajoy Kumar, met en exergue une approche avec une philosophie opposée à celle de la microfinance prônée par les agences internationales et les ONG.

Entretien.

Quelle est votre recette pour sortir les plus pauvres de la misère?

Ajoy Kumar: Nous aidons les Dalits et les Adhivasis à prendre leur destin en main, en créant des banques de graines, dans le Nord de l'Inde, et monétaires, dans le Sud. Une famille parvient à économiser dix kilos de graines par an, ou dix roupies par mois. C'est une somme très modeste, mais elle représente le premier pas vers la sortie de l'esclavage causé par les dettes contractées avec les usuriers et les propriétaires terriens. Ce montant représente le minimum qui peut être payé par les membres les plus pauvres et tout le groupe doit y participer.

Quels sont les résultats de votre action?

Les gens ont commencé à se libérer de la dépendance et à se battre pour leur droit à la terre, qui est l'objectif de notre combat. Au cours des trois dernières années, nous avons obtenu 350 pompes à eau de l'Etat et avons pu acheter 4000 hectares de terre. A mesure que les plus pauvres sortent de leur servitude, les salaires augmentent. Même fortement: ils étaient de dix roupies et sont aujourd'hui de vingt à trente roupies. Pour leur part, les femmes ont appris à revendiquer leurs droits et à s'organiser contre le viol et les violences. Les gens ont pu accéder à la nourriture subventionnée et aux cartes de rationnement. Ainsi, au bout d'une dizaine d'années, une communauté devient autonome, alors nous nous déplaçons dans un autre village.

A quoi sont affectés ces petits montants épargnés?

Ces petits montants servent à financer les besoins alimentaires, sanitaires et culturels, comme les mariages, les naissances et les enterrements. En trois ans, cette épargne peut libérer les plus pauvres de l'esclavage. Dans cette démarche, les lois sont de notre côté, car le servage est interdit en Inde.

En quoi le système de micro-épargne est-il fondamentalement différent du microcrédit?

Ce sont des prêts à des fins de subsistance, non pour des activités génératrices de revenu. Le système de micro-épargne n'a pas du tout vocation à faire fonctionner le marché. C'est toute la différence avec la microfinance. Ce business, lancé par les banques et les institutions de crédit, part du principe que les gens manquent de capitaux, et qu'il faut donc leur octroyer des crédits pour des activités commerciales et non de subsistance. Mais c'est oublier que les plus pauvres, notamment les paysans indiens, n'ont pas de potentiel en matière de 'business' parce qu'ils n'ont pas la mentalité du profit. Les institutions de microfinance et les ONG prônent le microcrédit aveuglément. Comment le système de micro-épargne peut-il interagir avec la globalisation? En aucune manière. La globalisation écrase les petits commerçants. Un exemple? La construction du métro allemand, à Bangalore. Ce chantier a éjecté du marché 20 000 petits commerçants locaux. Le gouvernement se défend en prétextant qu'il a accordé la licence à cause des accords commerciaux signés avec ses partenaires européens.

Quels sont les effets pervers du microcrédit en Inde?

Les pauvres prennent ces crédits parce qu'il s'agit d'argent facile. Mais lorsqu'ils sont très endettés, ils sont obligés d'émigrer pour échapper à un système qui les étrangle. Mais pas aux instituts de crédit, qui sont prêts à tout pour récupérer leur mise. Près d'Hyderabad, on a empêché l'enterrement d'un mort jusqu'à ce que sa famille rembourse sa dette... Dans ma région, deux filles ont été kidnappées pour les mêmes raisons.

Pour quelles catégories le microcrédit pourrait-il être une solution viable, selon vous?

Peut-être, dans certains cas, pour les paysans et les commerçants. Mais pour les plus pauvres, c'est la perte assurée. Les propriétaires terriens, au moins, font attention à leurs 'serfs' parce qu'ils en ont besoin. Mais les institutions de microfinance, non! Quand les gens ne remboursent pas, elles sortent les muscles. Beaucoup de paysans indiens se suicident à cause des microcrédits qu'ils ont contractés notamment pour acheter les semences OGM. Idéologiquement, la microfinance, c'est du business, pas un moyen de lutter contre la pauvreté. Le problème est que le gouvernement indien soutient le microcrédit. Il est à la mode, pas seulement en Inde, mais aussi en Europe. INFOSUD
http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=442726
 

lundi 6 juillet 2009

LE PETIT MALIN QUI FAIT GRIMPER LE COURS DU PETROLE...

Le petit malin qui a fait grimper le cours du pétrole... et les autres
LE MONDE 06.07.09 15h49
Comment faire monter le prix du baril du pétrole de 2,50 dollars en moins d'une heure ? Facile.
Vous prenez d'abord une position massive sur des contrats futurs aux toutes premières heures du jour, quand il y a encore peu d'activité sur le marché. Ensuite, vous ne touchez plus à rien : il suffit de laisser agir les professionnels du marché.
Voilà ce qui est supposé s'être passé à Londres, mardi 30 juin très tôt, avec pour protagoniste principal un trader de chez PVM Oil, un nommé Steve Perkins, d'après les informations du Financial Times. L'opération illicite a été passée via la plate-forme ICE Futures Europe, où les courtiers prennent des positions à un horizon de plusieurs mois. Elle aurait à elle seule fait bondir le cours du pétrole brut de 71 à 73,50 dollars le baril.
Les contrats futurs portaient apparemment sur un volume de 9 millions de barils. Pour vous donner une idée de l'ampleur de l'initiative, sachez que le premier producteur mondial de pétrole qu'est l'Arabie saoudite produit 11 millions de barils par jour.
Quelque 650 millions de dollars (465 millions d'euros) étaient en jeu. Bien évidemment, le courtier indélicat n'a eu à mobiliser qu'une faible fraction de cette somme. Son ordre a représenté la moitié des mouvements du mardi matin.
Interpellés par la hausse brutale du cours, traders et systèmes informatiques se sont mis à surfer sur la tendance, alors qu'aucune information significative ne venait la conforter. Sept millions de barils ont ainsi fait l'objet de contrats en l'espace d'une heure, ce qui a encore fait progresser le cours.
LIMITER LES PERTES
Chez PVM Oil, les systèmes de contrôle informatique ont vite détecté le profil atypique de la position. La société a alors commencé à se délester de son énorme stock de contrats futurs, créant ainsi un mouvement massif de vente.
Elle a réussi à limiter ses pertes à 10 millions de livres sterling (11,7 millions d'euros) en les écoulant avec la plus grande célérité, ce qui est une sacrée performance. Mais l'incident montre que le cours de la matière première la plus échangée au monde peut être manipulé sans grande difficulté.
Les motivations du trader incriminé ne sont pas établies. Témérité ? Malveillance ? Ce qui est certain, c'est que les confrères qui l'ont suivi aveuglément se sont tout simplement ridiculisés.
(Traduction de Christine Lahuec.)