mercredi 20 mai 2009

DISCOURS SUR LA MISERE. VICTOR HUGO.

0 Couvre feu contre la misère !
«Discours sur la misère»,à l'Assemblée Nationale, le 9 juillet 1849.
«Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu.
Détruire la misère ! Oui, cela est possible !
Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas le fait, le devoir n'est pas rempli.
La misère, Messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Mon Dieu, je n'hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s'il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu'il sortît de cette assemblée, et au besoin j'en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l'on ne sonde pas les plaies ?
Voici donc ces faits : Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures humaines s'enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l'hiver. Voilà un fait. En voici d'autres : Ces jours derniers, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l'on a constaté après sa mort qu'il n'avait pas mangé depuis six jours. Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu ! Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m'écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n'est qu'un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n'importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n'eût qu'une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l'abolition de la misère ! Et, messieurs, je ne m'adresse pas seulement à votre générosité, je m'adresse à ce qu'il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d'une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai là.Messieurs, comme je vous le disais tout à l'heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l'armée et de toutes les forces vives du pays, vous venez de raffermir l'Etat ébranlé encore une fois. Vous n'avez reculé devant aucun péril, vous n'avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable... Eh bien ! Vous n'avez rien fait !
Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé ! Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre ! Vous n'avez rien fait tant qu'il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n'avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l'âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! tant que l'usure dévore nos campagnes, tant qu'on meurt de faim dans nos villes tant qu'il n'y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de coeur ! Vous n'avez rien fait, tant que l'esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n'avez rien fait, rien fait, tant que dans cette oeuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux !»
Victor Hugo

mardi 19 mai 2009

DECROISSANCE. PROBLEMES DE TRANSITION.


Questions sur la “décroissance”1 09 2008
« La décroissance soutenable face à la question du « comment ? »
Une remise en perspective par les processus de transition et leurs
conditions de réalisation

Communication pour la conférence internationale « Economic degrowth for
ecological sustainability and social equity », Paris, 19 avril 2008.

=> Télécharger la contribution

Résumé :
Dans ses grandes lignes, la thématique de la « décroissance soutenable » a jusqu’à présent surtout consisté à présenter et justifier un nouvel horizon commun permettant aux populations de la planète de sortir de situations actuelles pesant sur la soutenabilité écologiques et les vies humaines. Mais, pour passer d’un état à un autre, aux caractéristiques différentes, il faut une transition. Pour que le projet soit crédible, il devrait donc aussi passer par une étape de réflexion sur la transition qui permettrait d’avancer vers une « décroissance soutenable », et notamment sur la forme de cette transition et ses modalités. De ce point de vue, alors qu’il s’agit de sortir de trajectoires jugées dommageables, les propositions sur la « décroissance » souffrent de n’être pas véritablement articulées à une théorie du changement. Celle-ci apparaît pourtant essentielle pour pouvoir penser les conditions sous lesquelles ce genre de vaste projet peut s’appliquer. En guise de base de départ, cette contribution suggère trois axes de réflexion qui s’avèrent déterminants parce qu’ils correspondent aussi à des champs de confrontation face au monde actuel, à savoir : le rapport aux valeurs dominantes, qui joue fortement sur les conditions de diffusion et d’acceptation des idées ; les possibilités de généralisation des pratiques et de capitalisation des expériences ; et les possibilités de renversement des contraintes structurelles grâce à la coordination et à la mise en réseau des initiatives existantes.

mercredi 13 mai 2009

VICTOR HUGO. LA PROPRIETE ARTISTIQUE.

(21 Juin 1878 - Allocution de Victor Hugo au Congrès Littéraire International sur sa position concernant la propriété artistique ).
"Messieurs ,
dans cette grave question de la propriété littéraire, il y a deux unités en présence : l'auteur et la société.
Je me sers de ce mot unité pour abréger ; ce sont comme deux personnes distinctes.
Tout à l'heure nous allons aborder la question d'un tiers, l'héritier. Quant à moi, je n'hésite pas à dire que le droit le plus absolu, le plus complet, appartient à ces deux unités : l'auteur qui est la première unité, la société qui est la seconde.
L'auteur donne le livre, la société l'accepte ou ne l'accepte pas. Le livre est fait par l'auteur, le sort du livre est fait par la société.
L'héritier ne fait pas le livre ; il ne peut avoir les droits de l'auteur. L'héritier ne fait pas le succès ; il ne peut avoir le droit de la société.
Je verrais avec peine le Congrès reconnaître une valeur quelconque à la volonté de l'héritier.
Ne prenons pas de faux points de départ. L'auteur sait ce qu'il fait ; la société sait ce qu'elle fait ; l'héritier, non. Il est neutre et passif.
Examinons d'abord les droits contradictoires de ces deux unités : l'auteur qui crée le livre, la société qui accepte ou refuse cette création. L'auteur a évidemment un droit absolu sur son oeuvre, ce droit est complet. Il va très loin, car il va jusqu'à la destruction. Mais entendons-nous bien sur cette destruction.
Avant la publication l'auteur a un droit incontestable et illimité.
Mais dès que l'oeuvre est publiée, l'auteur n'en est plus le maître.
C'est alors l'autre personnage qui s'en empare, appelez-le du nom que vous voudrez : esprit humain, domaine public, société. C'est ce personnage-là qui dit : Je suis là, je prends cette oeuvre, j'en fais ce que je crois devoir en faire, moi, esprit humain ; je la possède, elle est à moi désormais.
L'oeuvre n'appartient plus à l'auteur lui-même, il n'en peut désormais rien retrancher.
L'homme qui vous parle en ce moment a commencé par être catholique et monarchiste. Il a subi les conséquences d'une éducation aristocratique et cléricale. L'a-t-on vu refuser l'autorisation de rééditer des oeuvres de sa presque enfance ? Non.
J'ai tenu à marquer mon point de départ. J'ai voulu pouvoir dire : Voilà d'où je suis parti et voilà où je suis arrivé. Je ne veux pas supprimer les premières années de ma vie. Mais je vais bien plus loin , je dis : Il ne dépend pas de l'auteur de faire une rature dans son oeuvre quand il l'a publiée. Il peut faire une correction de style, il ne peut pas faire une rature de conscience. Pourquoi ? Parce que l'autre personnage, le public, a pris possession de son oeuvre ."

mardi 12 mai 2009

LE POIDS DE LA SANTE.

Pour dire la vérité, je devrais parler de ces pilules que j'avale depuis tant d'années et qui ont tant contribué à mon maintien en vie (ou tout au moins à la prolongation de l'état de marche de mon corps).
Et pourtant...
C. V.
__________

Biosphère.
Je rêve d'une Biosphère où l'objection de croissance permettrait à chacun de nous d'être amoureux de la Nature. A condition de bien lire, même un journal croissanciste comme Le Monde peut alimenter mon rêve.

12 mai 2009. Le poids de la santé.
Nous ne nous préparons pas du tout à l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle qui va crever du poids de sa complexité. Nous voulons continuer comme avant, plus de croissance, plus de centralisation, plus d’impôts, plus de « sécurité »…sans nous rendre compte que nos recettes traditionnelles ne feront qu’amplifier le poids du désastre. Ainsi, alors que la Sécurité sociale française ploie sous la charge financière, la Chine veut couvrir le risque maladie pour 90 % de sa population d’ici à 2011 (LeMonde du 12.05.2009). Comment sortir de cette contradiction ?
Lorsqu’une société se développe au-delà d’un certain niveau de complexité, elle devient de plus en plus fragile. Une simple crise du crédit aux USA entraîne déjà des conséquences mondiales Les crises écologiques à venir (choc pétrolier, perturbation climatique, épuisement de la plupart des ressources naturelles) sont porteuses d’une déstabilisation encore plus grande. Pourtant nous accroissons constamment notre complexité, y compris dans le domaine de la santé. Comme les généralistes ne suffisent plus à satisfaire la demande de soins, nous construisons des hôpitaux. Avec les progrès des techniques médicales, il faut installer des centres hospitaliers dans les villes et des services de plus en plus spécialisés. Comme l’hôpital coûte trop cher, il faut mettre en place un système de cotisations sociales généralisées, et la financer en ponctionnant l’épargne de la population. Si cela ne suffit pas, on soignera à crédit par l’emprunt. Comme la population se plaint des charges croissantes, il faut faire payer de plus en plus de choses par les patients eux-mêmes tout en augmentant le nombre de fonctionnaires des impôts. Tout cela s’accompagne de plus de spécialistes, de plus de ressources à gérer, de plus de coercition - et, in fine, moins de retour sur l’argent dépensé. Au bout du compte, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir un niveau de complexité dont le système de soins n’est qu’un aspect. Puis, quand un tsunami financier ou un blocage énergétique survient, les institutions complexes n’ont plus les moyens de survivre et les malades se retrouvent livrés à eux-mêmes. Alors émerge une société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle. (Ndlr : On aura reconnu dans ce paragraphe une transposition des analyses de l’archéologue Joseph Tainter, auteur de l’ouvrage L’Effondrement des Sociétés Complexes)
En matière de santé, le seul avenir pour la France comme pour la Chine, c’est la suppression de la technicisation à outrance, la disparition des grands hôpitaux centralisés, le retour aux centres de soins locaux supprimés par Sarko et la valorisation des médecins aux pieds nus comme au temps de Mao. Nous devrons ressentir les limites de notre planète, faire confiance aux capacités d’autoréparation de notre corps et ne plus craindre la mort.

LE POEME AUX JEUNES (Bertolt BRECHT).

Un des derniers textes écrits par Bertolt BRECHT : Le poème aux jeunes.
Je vécus dans les villes au temps des désordres et de la famine
Je vécus parmi les hommes au temps de la révolte
Et je m'insurgeais avec eux
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
Je mangeais en pleine bataille
Je me couchais parmi des assassins
Négligemment je faisais l'amour et je dédaignais la nature
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
De mon temps les rues conduisaient aux marécages
La parole me livra aux bourreaux
J'étais bien faible mais je gênais les puissants
Ou du moins je le crus
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
Les forces étaient comptées
Le but se trouvait bien loin il était visible pourtant
Mais je ne pouvais pas en approcher
Ainsi passa le temps qui me fut donné sur la Terre
Vous qui surgirez du torrent où nous nous sommes noyés
Songez quand vous parlez de nos faiblesses
A la sombre époque dont vous êtes sortis
Nous traversions les luttes de classes
Changeant de pays plus souvent que de souliers
Désespérés que la révolte ne mît pas fin à l'injustice
Nous le savons bien
La haine de la misère creuse les rides
La colère de l'injustice rend la voix rauque
Ô nous qui voulions préparer le terrain de l'amitié
Nous ne sûmes pas devenir des amis
Mais vous quand l'heure viendra où l'homme aide l'homme
Pensez à nous avec indulgence
Pour ceux qui souhaitent la version intégrale :
A ceux qui viendront après nous.
I
Vraiment, je vis en de sombre temps ! Un langage sans malice est signe De sottise, un front lisse D’insensibilité. Celui qui rit N’a pas encore reçu la terrible nouvelle.
Que sont donc ces temps, où Parler des arbres est presque un crime Puisque c’est faire silence sur tant de forfaits ! Celui qui là-bas traverse tranquillement la rue N’est-il donc plus accessible à ses amis Qui sont dans la détresse ?
C’est vrai : je gagne encore de quoi vivre. Mais croyez-moi : c’est pur hasard. Manger à ma faim, Rien de ce que je fais ne m’en donne le droit. Par hasard je suis épargné. (Que ma chance me quitte et je suis perdu.)
On me dit : mange, toi, et bois ! Sois heureux d’avoir ce que tu as ! Mais comment puis-je manger et boire, alors Que j’enlève ce que je mange à l’affamé, Que mon verre d’eau manque à celui qui meurt de soif ? Et pourtant je mange et je bois.
J’aimerais aussi être un sage. Dans les livres anciens il est dit ce qu’est la sagesse : Se tenir à l’écart des querelles du monde Et sans crainte passer son peu de temps sur terre. Aller son chemin sans violence Rendre le bien pour le mal Ne pas satisfaire ses désirs mais les oublier Est aussi tenu pour sage. Tout cela m’est impossible : Vraiment, je vis en de sombre temps !
II
Je vins dans les villes au temps du désordre Quand la famine y régnait. Je vins parmi les hommes au temps de l’émeute Et je m’insurgeai avec eux. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
Mon pain, je le mangeais entre les batailles, Pour dormir je m’étendais parmi les assassins. L’amour, je m’y adonnais sans plus d’égards Et devant la nature j’étais sans indulgence. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
De mon temps, les rues menaient au marécage. Le langage me dénonçait au bourreau. Je n’avais que peu de pouvoir. Mais celui des maîtres Etait sans moi plus assuré, du moins je l’espérais. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
Les forces étaient limitées. Le but Restait dans le lointain. Nettement visible, bien que pour moi Presque hors d’atteinte. Ainsi se passa le temps Qui me fut donné sur terre.
III
Vous, qui émergerez du flot Où nous avons sombré Pensez Quand vous parlez de nos faiblesses Au sombre temps aussi Dont vous êtes saufs.
Nous allions, changeant de pays plus souvent que de souliers, A travers les guerres de classes, désespérés Là où il n’y avait qu’injustice et pas de révolte.
Nous le savons : La haine contre la bassesse, elle aussi Tord les traits. La colère contre l’injustice Rend rauque la voix. Hélas, nous Qui voulions préparer le terrain à l’amitié Nous ne pouvions être nous-mêmes amicaux.
Mais vous, quand le temps sera venu Où l’homme aide l’homme, Pensez à nous Avec indulgence.

lundi 11 mai 2009

LETTRE OUVERTE AUX ARTISTES.

Chronique d'abonnés
Lettre ouverte aux artistes. Hadopipar monz, Aide-éducateur
10.05.09
Je fais partie de la majorité inconnue. Celle dont la parole n’apparaît jamais dans les medias de notre pays, ou alors passée à la lessive des instituts de sondage. J'ai l'habitude de me taire. Mais je crie aujourd'hui, et j'espère que mon cri sera entendu.
"Madame la ministre, messieurs nos députés, messieurs Arditi et consorts, je voudrais vous dire deux choses :
-NON. Internet ne menace pas le droit d'auteur, droit moral, perpétuel, inaliénable et imprescriptible. Jamais je n'ai vu ce droit, cette paternité (plus que propriété, une œuvre échappant forcément à son auteur dès lors qu'il la dévoile), attaqué. Alors, s'il vous plaît, cessez de dire que les "méchants" internautes s'en prennent au droit d'auteur. N'est-il pas affligeant de voir des artistes -grassement- rémunérés confondre leurs revenus avec ce droit moral ? Une œuvre mise gracieusement à la disposition du public n'est-elle pas une œuvre et son auteur un artiste ?
-OUI. Internet a remis en cause le système de rémunération connu sous le sobriquet de droits patrimoniaux. Vous avez osé intituler votre proposition de loi "Création et Internet", alors qu'il ne s'agit que de cela : fric, fric et refric. Parlons argent. Est-il décent, Monsieur Arditi, de venir pleurer dans le giron de l'Assemblée Nationale quand on touche en une année, et certainement pas en bossant à plein temps, ce qu'un travailleur au SMIC gagnera en 58 ans de sa vie ? Madame la ministre ne cesse de défendre une JUSTE rémunération pour les artistes. Elle a une drôlatique conception de la justesse."
Je fais partie de la majorité inconnue. Celle qui écrit librement de la poésie, partage avec bonheur ses écrits, se retrouve entre copains pour jouer et composer de la musique, donner un concert, un peu de joie, de douceur... Celle qui croit que l'artiste n'est pas qu'un vendeur et un vendu.
http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2009/05/10/lettre-ouverte-aux-artistes-hadopi_1191251_3232.html

Je citerais aussi Michel Valois :
http://michelvalois.canalblog.com/archives/2009/05/07/13646273.html
et la conclusion de son post :
Pour finir, élevons-nous un peu, s'agissant de droits d'auteur, vers un écrivain qui ne figure pas parmi les moindres, ni les moins visionnaires :
« Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient — le mot n’est pas trop vaste — au genre humain.

Toutes les intelligences y ont droit.
Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous. » Victor Hugo, cité par Jean-Pierre Brard qui s'est montré à l'Assemblée nationale un des plus brillants pourfendeurs de la loi albaniaise.

Du laisser-faire à la loi : ce que font les autres pays pour lutter contre le piratage
LE MONDE 12.05.09 15h48 • Mis à jour le 12.05.09 22h29

ALLEMAGNE : UNE LOI EFFICACE
Après de longs débats, l'Allemagne s'est dotée, le 1er janvier 2008, de la loi contre le piratage sur Internet nommée "Zweiter Korb" ("deuxième corbeille"). Selon les chiffres fournis par la Fédération allemande de l'industrie musicale, la loi aurait fait chuter de moitié le nombre d'infractions : 300 000 aujourd'hui contre 600 000 en 2004. Tout internaute pris en flagrant délit de téléchargement illégal risque jusqu'à 3 ou 5 ans de prison, ou une amende proportionnelle à ses revenus. La loi peut obliger les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) à livrer les données personnelles d'internautes suspectés de piratage à des ayants droit qui s'estiment lésés. Ces derniers iront ensuite devant la justice.
GRANDE-BRETAGNE : PAS DE SANCTION
David Lammy, ministre chargé de la propriété intellectuelle, travaille à la création d'une Rights Agency (agence des droits d'auteur). Actuellement il n'y a pas de sanction.
ESPAGNE : TAXER LES SITES
L'Espagne est le pays développé où se vendent le plus de copies piratées de musiques et de films, devançant la Grèce, le Portugal et l'Italie. La piraterie se fait de trois façons d'importance égale : usage domestique, téléchargement Internet, ventes dans la rue. Un Plan de lutte contre la piraterie a été adopté en 2005. Le gouvernement est sur le point de proposer une législation renforcée. Mais la méthode dure n'a plus la cote. "L'industrie veut un modèle de régulation différent du français, centré sur ceux qui font des profits avec la piraterie", a déclaré, fin avril, la Coalition des créateurs et des industries de contenus. Les professionnels du cinéma et de la musique souhaitent que soient frappés les sites qui se sont fait une spécialité de diffuser des oeuvres protégées et qui représenteraient 80 % du trafic. Ils préconisent l'exclusion définitive de ces sites des serveurs espagnols après un seul avertissement. En revanche, les 8 millions d'internautes recevraient trois avis "à caractère éducatif" et l'interruption temporaire de la connexion n'interviendrait qu'en toute dernière extrémité.
SUÈDE : LE DÉBAT FAIT RAGE
La question fait rage en Suède où la loi antipiratage Ipred est entrée en vigueur le 1er avril. Elle permet aux ayants droit d'oeuvres de collecter les adresses IP des pirates présumés. Les quatre responsables du site The Pirat Bay viennent d'être condamnés à un an de prison et à 2,7 millions d'euros de dommages et intérêts lors d'un procès retentissant. Un retraité a été condamné à trois mois de prison pour avoir vendu sur Internet des copies pirates de livres audio. Des fournisseurs d'accès à Internet ont annoncé qu'ils allaient détruire les adresses de clients afin de ne pas les livrer à la justice.
RUSSIE : PIRATAGE EN ESSOR
Le téléchargement sur Internet n'est guère découragé. En juillet 2007, à la veille d'un voyage aux Etats-Unis de Vladimir Poutine, alors président de la Russie, le site de téléchargement AllofMP3.com avait été fermé sur décision de justice. Depuis, d'autres ont fait leur apparition, tel Torrents.ru qui compte aujourd'hui 3,5 millions d'utilisateurs.
CHINE : ROYAUME DU PIRATAGE
Les autorités chinoises ont pris conscience de l'ampleur du piratage de films et musiques sur Internet. En 2007, le pays a rendu plus stricte sa législation. Mais les actions et sanctions restent limitées. Il y a très peu de procès par rapport au nombre d'internautes (300 millions). Pékin a annoncé 1 304 dossiers de piratage en ligne traités par les tribunaux de la capitale dans la première moitié de 2008. Des procès contre des FAI, des sites et des cybercafés défraient régulièrement la chronique, mais aucun individu n'a été jugé. Plus que les usagers, la Chine tente de réguler une offre très anarchique de contenu en ligne. Google a lancé en Chine un service de recherche de musique portant sur des milliers de chansons chinoises. Le téléchargement est gratuit et les revenus de la publicité permettent de payer les ayants droit.
TAÏWAN : COMME LA FRANCE
Taïwan vient de mettre en place une loi qui oblige les fournisseurs d'accès à Internet à couper la connexion des usagers pris à télécharger plus de deux fois des contenus.
CORÉE DU SUD : RIPOSTE GRADUÉE
La Corée du Sud, l'un des pays les plus connectés du monde (75 % de ses citoyens, soit 34,4 millions, utilisent Internet, dont la moitié dispose du haut débit), a adopté, le 1er avril, une loi sur la propriété intellectuelle qui entrera en vigueur le 22 juillet. Les personnes qui téléchargent illégalement des fichiers ou des programmes pourront recevoir, via leur fournisseur d'accès, un avertissement du ministère de la culture, des sports et du tourisme après décision de la Commission chargée de la protection du copyright. A la suite du troisième avertissement, cette dernière pourra ordonner au serveur, par l'entremise du ministère, d'interdire l'accès aux sites incriminés à ces personnes pour une durée maximale de six mois - à l'exception des services de messagerie. La loi vise aussi les sites de téléchargement qui pourront faire l'objet d'une fermeture pour une durée maximale de six mois.
NOUVELLE-ZÉLANDE : RECUL
Le gouvernement avait élaboré une loi, prévue pour février, qui prévoyait des coupures d'accès à Internet. Devant l'hostilité du public, Wellington a préféré retirer ce texte. Un nouveau texte doit être rédigé.
ETATS-UNIS : CHANGEMENT DE TON
Les majors du cinéma et surtout du disque ont mené, pendant de longues années, une active chasse aux pirates via les tribunaux. Depuis décembre 2008, à la suite de procès coûteux, l'industrie musicale penche pour le modèle français et la mise en place d'une "riposte graduée", allant jusqu'à la coupure. Mais des FAI refusent cette coupure.
Avec nos correspondants

jeudi 7 mai 2009

ANDRE GORZ. CELUI QUI AVAIT VU JUSTE.

Accueil » Essais. Celui qui avait vu juste. Par Michel Contat
Hommage à André Gorz.
Par Nouvel Obs.
Philosophe de la contestation, pionnier de l'écologie, André Gorz avait décrit la crise générale qui, aujourd'hui, ébranle le capitalisme
Tout a changé avec «Lettre à D.» dans l'image que l'on pouvait se faire d'André Gorz. En plus de l'intellectuel existentialo-marxiste, initiateur de l'écologie politique en France, critique radical du capitalisme, il devenait l'auteur d'un des plus beaux textes d'amour de la littérature, opposant au modèle Sartre-Beauvoir du couple libre celui d'un couple totalement fidèle et tout aussi durable. Leur double suicide, en 2007, acheva de donner à Gorz et Dorine un caractère exemplaire et une aura romanesque.

Surtout, cette fin amoureuse transforme la portée de la pensée de Gorz. Qu'on imagine Marx, qui aimait profondément sa femme, intégrant cet amour à sa pensée sociale. La face du monde en eût été changée. L'un des contributeurs à l'excellent ouvrage sur l'oeuvre de Gorz dirigé par Christophe Fourel, Patrick Viveret, ose cette idée:
«On pourrait imaginer que si Marx avait eu le temps et le courage de penser son amour pour Jenny comme Gérard Horst [le vrai nom d'André Gorz] l'a fait pour Dorine, il aurait été capable de penser cette anthropologie qui lui fait si cruellement défaut».
L'enjeu est considérable: en donnant sa composante affective, émotionnelle, au désir de transformation de la société, c'est en effet sa dimension existentielle qui serait prise en compte. Toute la pensée de Gorz - qu'il a développée dans ses livres mais aussi, sous le nom de Michel Bosquet, illustrée pendant sa carrière de journaliste à «l'Express» puis au «Nouvel Observateur» - repose sur l'idée que le sujet est par essence un «mauvais sujet, rebelle au pouvoir et à la règle» (Alain Touraine). C'est en quoi, à travers toutes ses évolutions, cette pensée reste profondément sartrienne plus que marxiste. Les auteurs du collectif «André Gorz. Un penseur pour le XXIe siècle»(1) ne sont pas du genre thuriféraires ou hagiographes, quand bien même tous ont eu de l'affection pour l'homme et sont entrés avec lui dans un dialogue direct. Tous s'entendent à faire leur la question essentielle posée par André Gorz, qui n'est pas celle d'un doctrinaire: que désirons-nous faire de et dans notre vie?
«Hommage à André Gorz» le mardi 5 mai à 19h
Un «Hommage à André Gorz» est organisé, avec le soutien de l'Imec, le mardi 5 mai, à 19 heures, à la Salle des Fêtes de la mairie du 11e arrondissement de Paris. Une table ronde, modérée par Michel Contat (Groupe d'Etudes sartriennes), réunira Christophe Fourel («Alternatives économiques»), Serge Lafaurie («le Nouvel Observateur»), Arno Münster (université de Picardie), le pasteur Jacques Maury (la Cimade) et Rossana Rossanda («Il Manifesto»).
La vérité étant avant tout pratique, les questions d'organisation de la société et de redistribution des richesses se posent en fonction de l'évolution des technologies. Gorz a très vite compris que l'informatique, l'immatérialité des connaissances donnait l'essor à une intelligence collective qui échappe à la logique capitaliste du profit et de la croissance indéfinie. Ses prophéties économiques n'ont certes pas toutes été vérifiées; en revanche, le sont à présent ses prévisions de la crise générale qui devait fatalement mettre en cause le règne du marché. Sa pensée nous met en quelque sorte au pied du mur: la sortie de la crise se fera soit au prix d'une nouvelle barbarie, soit par une convivialité fraternelle.

(1)«André Gorz. Un penseur pour le XXIe siècle», sous la direction de Christophe Fourel, La Découverte, 240 p., 18 euros. Les droits d'auteur iront à la Cimade.
Autres parutions: «André Gorz ou le Socialisme difficile», par Arno Münster, Editions Lignes, 126 p., 14 euros; «André Gorz. Vers la société libérée», commentaire de Michel Contat, livre audio, Editions Textuel/INA, coll. «la Voix au chapitre», 76 p. + CD, 24,90 euros.
➦ Tout notre
dossier André Gorz
«Hommage à André Gorz» le mardi 5 mai à 19h.
Un «Hommage à André Gorz» est organisé, avec le soutien de l'Imec, le mardi 5 mai, à 19 heures, à la Salle des Fêtes de la mairie du 11e arrondissement de Paris. Une table ronde, modérée par Michel Contat (Groupe d'Etudes sartriennes), réunira Christophe Fourel («Alternatives économiques»), Serge Lafaurie («le Nouvel Observateur»), Arno Münster (université de Picardie), le pasteur Jacques Maury (la Cimade) et Rossana Rossanda («Il Manifesto»).

REINVENTER LA DEMOCRATIE.

GRENOBLE "Réinventer la démocratie"
NOUVELOBS.COM 06.05.2009 09:26

"La République des Idées" organise du 8 au 10 mai un forum à Grenoble, dont Le Nouvel Observateur est partenaire, et réunit une centaine de chercheurs et d’intellectuels. Voici le texte de présentation de ce forum, co-signé par Denis Olivennes, directeur de la publication du Nouvel Obs, et Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France et fondateur de "la République des Idées".
"Réinventer la démocratie", les 8, 9 et 10 mai à Grenoble (DR)Dans toute crise majeure s’affrontent et se mêlent deux types de forces. D’un côté, le repli ; de l’autre, l’entreprise de réformes radicales. Au moment de la grande crise de la "première mondialisation", dans les années 1890-1900, les sirènes du nationalisme et du protectionnisme avaient séduit une large partie de l’opinion. Mais, simultanément, les principes et les institutions de la social-démocratie avaient été forgés. Les "socialistes académiques" en Allemagne, les "nouveaux libéraux" en Angleterre et les "républicains solidaristes" comme les "socialistes jaurésiens" en France avaient formulé de façon convergente les termes d’une rupture avec l’ordre établi. Développement du droit social, instauration d’un impôt sur le revenu à caractère délibérément redistributif, mise en place des premières institutions de l’État-providence : un nouvel élan avait été donné. Quelques décennies plus tard, la rupture économique des années 1930 a également produit des effets contradictoires à partir d’une même condamnation des errements du laisser-faire. D’un côté le fascisme, de l’autre le keynésianisme et l’État régulateur (ces derniers ne l’ayant emporté qu’en 1945).Nous sommes en 2009 dans une situation similaire. Mais tandis que certains voient à nouveau dans l’édification de barrières protectionnistes la clé du salut, la formulation d’une alternative audacieuse reste désespérément embryonnaire. Les politiques conjoncturelles de soutien sont en partie au rendez-vous, mais pas les formulations d’audacieuses révisions structurelles. Le forum "Réinventer la démocratie" que la République des Idées organise à la MC2 de Grenoble du 8 au 10 mai avec la participation du Nouvel Observateur s’inscrit dans la perspective d’une contribution à cette nécessaire refondation. Le fil conducteur est celui de l’approfondissement de la démocratie, car c’est autour de cette question que se joue l’essentiel. Dans l’épreuve, les citoyens aspirent en effet partout à être mieux écoutés, à voir leurs difficultés particulières prises en compte. Ils ne se contentent plus d’une démocratie électorale. Ils attendent des gouvernants qu’ils fassent preuve d’un comportement quotidien plus démocratique. Une régulation plus efficace implique par ailleurs aussi plus de confiance, plus de transparence et de reddition publique de comptes. Mais c’est plus encore le caractère démocratique de nos sociétés qui est actuellement mis à mal. C’est donc seulement en concevant de nouvelles institutions de la citoyenneté et de la solidarité que pourra être conjuré le spectre d’une division devenant insupportable. Une trentaine de controverses ou de tables rondes vont réunir autour de ces thèmes une centaine d’intervenants et attirer un vaste public. Les articles qui composent ce dossier en présentent certains des thèmes essentiels. Ils ne sont que l’amorce d’une urgente entreprise de rénovation à poursuivre. D.O. et P.R. Pour accéder au programme complet et/ou réserver une place,
cliquez ici.

mardi 5 mai 2009

PO JULYIN LAHAUT.


Po Julyin Lahaut.


On djoû,
ene sawouce,
on vistréve ene corone sol cabu d' on rwè


Un jour, quelque part, on vissait une couronne sur la tête d' un roi


(a on momint
gn a ene sakî k' s' astampe
et criyî ene sacwè
insi : Vive li republike

Soudain, quelqu' un se lève et crie quelque chose comme: Vive la République

on pô pus tård
gn a deus djins k' mousnut amon l' cia
ki n' aveut seu braire avou les bedots
ki n' s' aveut seu taire avou les moyas


Un peu plus tard, deux personnes pénètrent chez celui qui n' avait pas pu suivre les convenances, qui n' avait pas su se taire avec les muets.

gn a deus djins k' mousnut e s' måjhon
- deus djins k' on n' conoxhrè måy leus vizadjes -
et distcherdjî leus
fiziks
et mascårder
l' lomé Julyin Lahaut
ki
tot
d' on
côp
hagne
li solea.


Deux personnes pénètrent chez lui - deux personnes dont n ne connaîtra jamais l' identité - et déchargent leur fusil et abattent le nommé Julien Lahaut qui soudain, mord le soleil

dispoy adon
on-z a rmetou do djaene
sol corone sitritcheye
di rodje då rwè


Depuis lors, on a remis du jaune sur la couronne éclaboussée de rouge du roi

on-z a rtapé
do mwartî
so les crouwåds
et del tchåss
dins les lives)


On a remis du mortier sur les herbes folles et de la chaux vive dans les livres

les bedots braiynut
les moyas s' taijhnut
blankès blankès pådjes
di cwè cåzoz


Les moutons bêlent, les muets se taisent. Pages tellement blanches, de quoi parlez-vous ?


Lorint Hendschel, divins : Cénk pititès ôdes, Les Cahiers Wallons, avril 1992.

LA PANDEMIE DE GRIPPE PORCINE MEDIATIQUE (H1P1M1) SE PRECISE.

« …”une hypernégativité beaucoup plus violente que l’intelligence critique”… (Jean Baudrillard) Accueil La pandémie de grippe porcine médiatique (H1P1M1) se précise - Information à la chaîne. »
27 avril 2009

La pandémie de grippe porcine médiatique (H1P1M1) se précise.
D’un côté, la grippe porcine et son mode de contamination somatique. Elle vient du porc. Sur cette dernière, il sera sensé, pour information, de laisser parler le spécialiste, l’homme compétent. Mais il se trouve qu’une autre grippe, porcine elle aussi, s’ajoute à la première et la recouvre : la grippe porcine dite médiatique à haut degré de contamination mentale. Elle empêchera l’homme compétent d’être entendu. Celle-ci vient de l’homme et y retourne.
C’est en effet, en ce beau lundi de rentrée, que l’on découvrira toutes sortes de titres plus contaminants les uns que les autres : “Mexico ravagée par la grippe porcine”, “alerte mondiale à la grippe porcine”, “mobilisation mondiale contre la grippe porcine”, “la pandémie se précise”, “la grippe porcine frappe encore”, “la grippe porcine contamine la France”, “la grippe porcine est à nos portes et fenêtres”, “l’évolution de la grippe porcine laisse présager le pire”. Encore restons-nous là au vieux style, au gros titre, à l’accroche. Mais la grippe porcine dite médiatique, à haut degré de contamination mentale, est en constante mutation. Ainsi, on découvrira
ici, une carte mondiale, relayée comme il se devait par le “médiatique” qui sait faire les bons choix, pour suivre en temps irréel la progression mondiale de la grippe porcine mondiale. La grippe porcine médiatique transforme, dans les têtes, la grippe porcine somatique (dite aussi “grippe porcine”) en H1N1. La formule impressionnera par son haut niveau de scientificité et ajoutera une couche de lisier dans la confusion mentale : proximité entre le HIV et le H1N1 ?
Imaginons les bénéfices mentaux qui auraient pu être cumulés si nous avions pu suivre sur une carte le niveau de contamination mentale suite aux “arguments” en faveur d’une guerre contre le terrorisme, de l’importance d’une croissance économique ou encore de la vitalité des démocraties occidentales. Autrement dit, si nous avions pu suivre, et cela depuis des décennies, la progression de la grippe porcine médiatique sur toute la planète. Le drame, puisque l’heure est grave, c’est que la grippe porcine médiatique, étalon de toutes les grippes, y compris en cas de progression de grippe porcine somatique, ne se mesure pas. Elle est hors des cartes pour les avoir toutes contaminées. Impossible dès lors de distinguer la progression de la grippe porcine somatique de la progression de la grippe porcine médiatique ce qui constitue une des dernières mutations de la grippe porcine somatique au contact de l’agent mutagène médiatique. Cette mutation est pour l’heure sans remède, incurable, fatale. Elle contaminera des milliards d’esprits, fera sentir ses conséquences dans les moindres interstices de la non vie urbaine. Pour l’heure, à l’échelle collective, elle est sans vaccin.
Pour lui résister, un temps encore, il est nécessaire de connaître ses stratégies offensives dont la tautologie (c’est une alerte mondiale à la pandémie parce que c’est une alerte mondiale à la pandémie) et l’écrasement par redondance de “l’information” : non pas une fois, deux fois, mais dix fois, cent fois et plus encore. Ajoutons à cela l’usage martelé de notions discutables telle “pandémie”, à savoir ce qui s’étend à la totalité (to pan) du peuple (demos). A moins de réserver la notion, pour plus de vigilance encore, à la grippe porcine médiatique dont la puissance de diffusion est sans commune mesure avec celle de la grippe porcine ou H1N1 (afin d’entretenir, toujours volontairement, la confusion mentale avec le HIV).
Questions : sur un demi siècle de contamination, combien de morts peuvent être directement imputés à la grippe porcine médiatique ? Combien de dégénérescences mentales ? Combien d’affaiblissements du système immunitaire intellectuel ? Combien d’atrophies du bon sens et de la jugeote ? Puisqu’il n’est pas forcément condamnable d’affoler le demos dans son to pan, je propose de nommer ce mal incurable le H1P1M1 (porcin et médiatique pour le P et le M). Le H de “humain” ? Simplement pour l’angoisse.

http://bernat.blog.lemonde.fr/2009/04/27/la-pandemie-de-grippe-porcine-mediatique-h1p1m1-se-precise/

LAVILLIERS : UN SPECTACLE QUI DEGAGE DU PLAISIR, DE LA FORCE, DE LA POESIE.



LIBERATION. Culture. 28/04/2009 à 14h49
Lavilliers: «Un spectacle qui dégage du plaisir, de la force et de la poésie»

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«Si je chante, c'est en partie grâce à Léo Ferré», assure le Stéphanois. C'est «l'un de mes "modèles en qualité", pour son sens de l'invective, sa marginalité». A l'occasion de la sortie d'un DVD live, Bernard Lavilliers a répondu à vos questions.
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Michel. Parmi les qualités attribuées à Léo Ferré par Bernard Lavilliers, il en manque une: le courage, vertu qui se fait rare de nos jours. D'autres chanteurs se vantent de l'amitié que leur portait Léo, je pense à Barbelivien proche de qui vous savez, à Lalanne et quelques autres. Comment Ferré manifestait-il son amitié ? Est-ce que c'était des rencontres épisodiques ou des relations plus régulières, des discussions, des échanges de points de vue?
Bernard Lavilliers.
Au courage, qui est de toute évidence la valeur d'un artiste, Léo Ferré ajoutait l'audace. Il manifestait son amitié à travers des répliques ou des lettres pleines d'humour et de soutien. Je n'ai jamais eu l'impression qu'il y avait un cercle autour de Léo.
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Pascal. Je me souviens de ce film vidéo passé à la télé en 1992, où Léo est venu chanter La mémoire et la mer dans une émission qui vous était consacrée. Quels souvenirs gardez-vous de ce moment?
C'était très émouvant, très drôle. J'insiste sur l'humour puisque ce n'est pas l'image médiatique que dégageait Léo. En dehors de ça, il a changé un peu la mélodie de sa chanson, et nous avons eu l'occasion d'en chanter d'autres qui ne sont pas dans l'émission. A l'époque, nous étions moins surveillés.
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Cambien : La mémoire et la mer semble vous tenir particulièrement à coeur. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette chanson en particulier ?
Cette chanson est complètement mystérieuse. Elle a la grande qualité d'emmener dans un voyage cérébral et poétique. On ne sait jamais vraiment ce que signifient les métaphores, il a beaucoup de musique dans les mots. Par exemple, «Au ras des rocs qui se consument...» D'autre part, cette double interprétation de la mémoire, puisque la mer est toujours renouvelée, c'est une chanson du futur, voilà ce que je ressens quand je la chante. C'est vrai qu'elle me tient à coeur.
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Elsaragon. J'attendais ce DVD avec impatience. Merci! Ferré avait repris des textes d'Aragon dont vous appréciez la poésie. Pensez-vous un jour faire un CD mettant en musique les poèmes de Louis Aragon ?
C'est possible, puisque mes amis de l'Humanité m'ont fait cadeau des éditions originales Messidor en neuf volumes, qui comprennent à la fois les articles politiques, la poésie, et les critiques littéraires que faisait Louis Aragon dans les Lettres françaises. J'ai mis en musique La Rose et le réséda pour madame Juliette Gréco, ça c'est fort bien passé, et j'ai bien l'intention de continuer.
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Fabndjema. Je ne viens pas te faire un procès d'intention, je suis fan de ton travail depuis longtemps déjà. Je t'entendais juste dimanche sur France Inter dans Eclektik, tu louais la mémoire de Léo... Penses-tu que Léo aurait signé l'appel en faveur de la loi Hadopi, comme tu viens de le faire?
Je pense qu'il n'aurait pas apporté les mêmes nuances que moi. Nous imaginions tous les deux que les majors étaient payées pour nous défendre, et non pas le contraire. Comme il n'était pas confronté aux nouvelles technologies, je ne peux pas imaginer quelle aurait été sa colère, à la fois contre les multi et contre le détournement. Je citerai Léo: «Je t'ai rencontré par hasard, ici, ailleurs, ou autre part, il se peut que tu t'en souviennes» (...) «et nos soirées sans cinéma, et mon succès qui ne vient pas, et notre pitance incertaine».
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Cambien. En tant qu'admirateur de Léo Ferré, avez-vous écouté les enregistrements inédits qui sortent régulièrement depuis sa mort? Si oui, qu'en pensez-vous?
J'en ai écouté quelques-uns, en particulier le Baudelaire. Pour ma part, j'ai apprécié Noir Désir et le travail de Jean-Louis Murat.
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Hervé. Votre musique, vos textes, voire peut-être votre vie se sont structurés principalement autour du voyage. Cette volonté d’aller chercher «sa vérité» ailleurs vous a toujours permis de jouer des styles de musique bien avant leur émergence en France (je pense à la salsa, au reggae notamment). Est-ce que cette envie de tendre l’oreille vers d’autres sonorités demeure toujours intacte chez vous?
Oui, d'ailleurs je suis sur une oeuvre de Blaise Cendrars la Prose du Transibérien, pas commercial, mais très intéressant de faire découvrir la poésie du début du XXe siècle, avec des arrangements orientaux-libanais.
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Bob laburne. Est-ce que tu reprends les Anarchistes»? Si oui, n'as-tu pas peur que MAM t'emprisonne pour ultragauchisme?
Non, dans ce DVD, je n'ai pas repris les Anarchistes, j'avais d'autres choix. Par exemple, Merde à Vauban, de Pierre Seghers, ou l'Affiche rouge, de Louis Aragon. Dans un autre, je rendrai un hommage particulier à cette phrase: «Le désespoir étant la forme supérieure de la critique, pour l'instant, nous l'appellerons bonheur.»
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Renépichon. Depuis quand la poésie de Ferré vous accompagne-t-elle? Dès le Stéphanois? Avant? Après?
Depuis toujours. Dans mes souvenirs, ma mère écoutait «Ce sont de drôles de types...» sur un vieux poste de radio qui ressemblait à une usine à gaz. Et depuis, je continue.
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Cambien. Le choix des chansons de Ferré a-t-il été difficile ou bien c'était un choix évident?
C'est un choix instinctif. Je connais la plupart des chansons de Ferré, même les souterraines. Pour rappeler à la mémoire du public de Léo, et pour faire découvrir aux miens des perles, il fallait que le spectacle ne soit ni religieux, ni didactique, qu'il s'y dégade du plaisir, de la force et de la poésie, évidemment. J'ai fait ainsi le choix des tonalités, des sujets, des tempos, du début au piano solo, du passage rock psychédélique: «Amour anarchie», et le final symphonique en citant Caussimon, Rimbaud, Verlaine, Aragon.
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Jolie-môme. Pensez-vous comme Léo que la solitude est la pire chose qui existe sur cette terre?
Léo pensait que la solitude, c'est le prix à payer des artistes, de leur création. Et même le prix à payer des anarchistes, puisqu'il n'appréciait pas leur fédération. Pour un solitaire, il était très bavard, ouvert et chaleureux. Il donnait l'impression d'être cinglant, because timidité, parce qu'il était timide, sous ses airs fanfarons.
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Lagrippe. Vous avez chanté en soutien à la Fédération anarchiste. Vous le referez?
Oui, j'ai même fait plusieurs concerts pour la création de Radio libertaire, dans les années 80.Chrisven. D'après toi, quel groupe ou chanteur de la «nouvelle scène française» semble être le digne successeur de la lignée Aragon-Ferré-Lavilliers ?
C'est pas mince comme responsabilité. Je pense que la nouvelle génération est moins lyrique que nous. Je vous citerai un artiste pas très connu qui est capable d'avoir des oreilles et un cerveau: Balbino Medellin. Il a quelque chose de tragique, tout en étant extrêmement drôle.
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Jenlucroy. Salut d'un vieux pote de la Manu! La dernière fois que je t'ai vu, c'était à la Fête de l'Huma, avec la surprise Léo. Je n'ai pas de question, juste: continue, en souvenir de nos parents (...) et bonne santé et encore plus de Ferré...
Je te salue, on se reverra à la prochaine Fête de l'Huma...
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Siouf. Léo Ferré jouait arrière-gauche, mais il était également capable de monter sur l'aile-droite. Que pensez-vous de cette polyvalence étonnante ?
On peut imaginer Léo Ferré légèrement réactionnaire aux nouvelles technologies et à l'électricité. La preuve, il avait une île au large de Cancale, où il n'y avait ni chauffage, ni électricité. D'ici à dire que Léo puisse être de droite et souverainiste, il y a une marge.
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Mecanophilo : A quand un album entièrement tourné vers l'Afrique? Comme vous vouliez le faire déjà auparavant?
L'Afrique va être présente dans mon prochain album, même très présente. Un album mélangé, avec la latinité dont nous faisons partie et qui fait de beaux métis.Travail. Votre chanson Travailler encore revient à l'actualité avec toutes ces suppressions d'emploi. Pouvez-vous vous engager de nouveau en faveur de tous ces travailleurs qui perdent leur travail, même si ce ne sera plus dans la sidérurgie et dans votre région de naissance? Si oui, sous forme de chansons? Une nouvelle critique du capitalisme?
Je ne lâcherai pas mes racines, j'en ai écrit d'autres, moins sidérurgiques. Effectivement, les Mains d'or parlent de ce que je connais: les laminoirs, le travail de nuit, la pluie et la neige. Je me déplace pour l'instant dans les usines occupées pour leur redonner le moral. De cette expérience je tirerai sûrement un texte fédérateur.
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Marie-Claire. Bernard, ton texte Utopia date de 1977. Le réécrirais-tu en 2009? Et si oui, comment?
On ne peut pas affirmer réécrire un texte de cette sorte, avec des mots d'aujourd'hui. Je pourrai réécrire un passage: «La petite gauche vivotait, frileuse comme une alouette», mais la situation est multinationale, et plus prêt de Big Brother que les Anarchistes. Donc, moins lyrique.
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Croixdusud. Vous avez écrit, dans Saint Etienne, «On n'est pas d'un pays, mais on est d'une ville...». Après cent voyages, avez-vous vérifié cette assertion?
Absolument. Le problème, c'est qu'en voyageant, elles changent. On finit par se fabriquer une ville idéale, faite de tous les êtres humains rencontrés. On ne fuit pas, on se déplace.
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Fabndjema. Tu écrivais sur l'album Pouvoirs que «l'avenir est un chien crevé sous un meuble»... Es-tu toujours aussi catégorique?
Pouvoir était un album très provocateur, dans une époque un peu sûre d'elle, avec une belle croissance. Donc l'affirmation ressemble à l'époque.Le Baron. Pensez-vous que les paroles du Troisième couteau sont toujours d'actualité ?
Oui, plus que jamais. Quand les politiques mettront les mains dans le cambouis des paradis fiscaux, j'écrirai la suite.

dimanche 3 mai 2009

PANDEMIE : UN NOUVEL OPIUM DU PEUPLE ?


Tapage nocturne à l'hôpital. Carnet d'une infirmière de nuit. Anne Peraut Soliveres prend la parole pour indigner ou apaiser.
03/05/2009

Pandémie : un nouvel opium pour le peuple ?
Pourquoi suis-je tellement exaspérée par le battage médiatique autour du virus d’origine porcine dit H1N1? Est-ce parce que le même battage, il y a peu, autour de celui du poulet, m’avait déjà violemment interpellée? Quitte à passer pour une dangereuse irresponsable, ou une douce dingue, je refuse de faire semblant de jouer à ce jeu pervers qui consiste à se faire peur et à faire peur aux autres en abusant de certains termes, voire en les dévoyant.
Si mon dictionnaire a toujours son bon sens, une pandémie est une contamination à grande échelle. Or, si le principe de précaution doit être de mise chaque fois qu’un virus se développe quelque part, l’entreprise qui consiste à entretenir la panique en étalant la débauche des milliards de boîtes de Tamiflu, enfermées à grand frais dans des sous-sols bien gardés au moment de la précédente supposée épidémie de H5N1, devrait davantage intriguer les médias si prompts à se jeter sur le premier os un peu juteux. Oserais-je demander quelles sont les dates de péremption de ces boîtes enfermées (depuis combien de temps déjà?) et combien de masques sont périmés (ceux que le ministère de la Santé m’avait personnellement envoyés le sont depuis déjà deux ans…)?

La population sait-elle que le budget de la sécu qui ne peut plus la couvrir selon ses besoins est illimité lorsqu’il s’agit de financer les fantasmes de grippes ou autres catastrophes planétaires virtuelles? Sans compter le coût des formations obligatoires de tous les soignants et autres acteurs du social, plans blancs, et autres facéties dispendieuses? Les citoyens savent-ils combien ils paient pour entretenir ces caves de Tamiflu périssables (car contrairement au pinard, le temps gâte ce précieux médicament dont rien ne garantit qu’il soit opérant contre un virus encore inconnu?) Enfin, quelqu’un peut-il nous dire combien cela a rapporté au laboratoire fabriquant le précieux antivirus?
De plus comment peut-on qualifier de pandémie (et même d’épidémie!) une pathologie qui touche moins de mille personnes sur toute la surface du globe quand nous sommes près de 7 milliards? A moins que nos dirigeants aient besoin de détourner un peu nos esprits de la crise qu’ils ont amenée et dont nous sommes tous les victimes, à l’échelon mondial cette fois et sans Tamiflu pour nous la faire avaler…
• Anne Perraut Soliveres •
Infirmières, le savoir de la nuit
Un article de Puf.

Caractéristiques
304 pages
19.50 €
ISBN : 978-2-13-052252-2
Collection "Partage du savoir"
N° d'édition : 5
Date de parution : 01/11/2001
Discipline : Socio/Ethno/Démo/Education/Comm.
Sous-discipline : Sociologie appliquée Questions sociales

L'ouvrage
Ce livre est le fruit d'une expérience et d'un engagement personnels, mais aussi d'une réflexion et d'une enquête. L'auteur se propose, à travers une démarche théorique et éthique aux accents souvent militants, de rendre la parole à celles que notre société, et pas seulement le système médical, laisse dans le silence et dans l'ombre : les infirmières de nuit. Le métier et le travail des infirmières change, en particulier celui des infirmières de nuit. Leur savoir et leur expérience s'efface derrière une technologie réductrice, parfois défaillante et incapable d'apporter un soulagement et un soutien moral auprès des malades.
Quel savoir ces infirmières, confrontées quotidiennement à la souffrance, à la faiblesse et à la mort, développent-elles ? Quelle est la particularité du " monde de la nuit ", qui constitue la face cachée, impensée de la médecine ? Quelles valeurs produit-il ?

Table des matières
Préface d'Isabelle Stengers -- Introduction
Chapitre 1 -- La nuit du savoir : les lueurs de la nuit - soigner la nuit - la nuit du chercheur
Chapitre 2 -- Infirmières, le savoir de la nuit : les valeurs de l'ombre - des soins du sexe au sexe du soin - répulsion et violence - victimes, coupables et/ou responsables
Chapitre 3 -- Praticien -chercheur, un nouvel espace de connaissance : d'une antinomie à un trait d'union, une posture de recherche - dire "je" dans la recherche - l'implication comme préalable - une démarche de recherche transductive - d'un métier clinique à une clinique de la recherche - la révolution par la recherche

L'ANTENNE DE POLICE.

L'antenne de Police par JACQUES M., CARDIOLOGUE.
27.04.09

Mercredi vers 17 heures dans une allée ensoleillée et calme du Parc de Monceau j'attends assis sur un banc, en charge de ma petite fille âgée de 8 mois qui dort dans sa poussette. J'attends le retour de ma fille de son travail.
Un peu plus loin, sur un banc, deux jeunes gens, garçon et fille, d'allure non conventionnelle, sans plus, bavardent tranquillement.
Surviennent deux agents de police à bicyclette, roulant lentement, et qui, voyant un des jeunes rouler une cigarette, fondent sur eux, hument la cigarette.
Hachich ? l'expertise sur le pouce ne parait pas concluante car abandonnant cette analyse ils entreprennent de fouiller avec autorité les affaires des deux jeunes : sacs, porte-documents, ouverture des paquets de cigarette, poches vidées. Pas de violence physique mais une exigence impérieuse qui ne permet pas le refus. Et pour terminer les emmènent au poste. Presque en souriant !
Les agents semblaient déçus de n'avoir peut être rien trouvé de "suspect".
Juste deux jeunes au soleil sur un banc public qui ne se bécôtent pas encore.
J'ai hésité à intervenir parce que cela signifie aujourd'hui risque d'être embarqué et garde à vue ; et je ne peux prendre ce risque avec ma petite fille.
Excuse à une petite lâcheté ? Ou retenue devant la Police par réflexe ?
Car que je rumine mon humiliation des jours précédents au moment de renouveler ma carte d'identité (déjà sécurisée) : né à Paris en 1941 de parents polonais, je suis déclaré Français dès ma naissance selon le droit du sol, non abrogé par Pétain, en attente du nouveau code de la nationalité, alors que mes parents sont déjà pourchassés comme juifs et que nous échapperons à la rafle du Vel d'Hiv.
"Il faut prouver que vous êtes Français" m'a-t-on dit à l'antenne de police puisque l'extrait d'acte de naissance indiquant la Pologne comme lieu de naissance pour mes parents (naturalisés en 1947), ne permet pas "d'établir mon appartenance à la nationalité française" et qu'importe si la République laïque m'a permis de devenir médecin français, si j'étais assez français pour mon service militaire et visiter l'Algérie, il m'a fallu exhumer ce papier jauni et fatigué de 1941 jamais ressorti pour que j'existe à 68 ans comme Français.
Ce mercredi je n'ai pas été contrôlé par la Police au Parc Monceau : je présentais bien et qu'importe, j'avais dans ma poche ma nouvelle carte d'identité de Français .
http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2009/04/27/l-antenne-de-police_1185730_3232.html

CE QUI M'INQUIETE C'EST CERTAINES REACTIONS (lesquelles à votre avis ?) :
stéphane m.
02.05.09 07h47
Concernant votre non intervention, vous avez bien fait, car il est interdit d'entraver un contrôle de Police... Pour le mélange dans votre texte de Pétain, de rafle du Vel d'Hiv, et sur le fait que l'on doit prouver que l'on doit être français... C'est ffectivement un minimum, car dans le passé, il y a eu des abus. Le ou les policiers qui vous ont dit cela n'ont fait que répondre à votre question. On voit à peine que vous êtes orienté dans vos propos... Sur ce bonne journée monsieur.
stéphane m.
02.05.09 07h43
Un mélange des genres nauséabond de l'auteur de cette article. Les fonctionnaires voient un ou deux jeunes rouler une cigarette. Ils décident selon vous ou du moins sous entendu que leurs tenues poussent aussi à faire un contrôle. Où est le problème ? A partir du moment où l'agent de Police pense qu'il existe une possibilité d'effectuer un contrôle, ils le font. Vous feriez quoi à leurs places ? Passer devant ? Soyons sérieux...
Jean-Marc D.
01.05.09 20h30
C'est de plus en plus effrayant de se demander si il faut plus se plaindre de la mise en place d'un régime autoritaire ou de la passive complicité de beaucoup de "bons Français"
Julien B.
01.05.09 15h52
Nous sommes prêts pour un régime autoritaire, ça ne fait pas un pli, et on peut même lire ici les réactions de certains qui sont prêts à y collaborer activement.
Le Mosellan
01.05.09 12h47
On peut toujours intervenir sur une action de police.C'est ainsi que ma femme a défendu,rue Serpenoise à Metz,une mendiante quelque peu bousculée par des agents.Ca s'est terminé par des "ça va!" de part et d'autre.Et c'est tout!..Ils ont bien vu qu'ils s'y sont pris maladroitement.De là à conclure qu'on est en régime policier,il n'y a que des cardiologues pour le faire.Et à trouver abondamment des échos.
Philippe B.
01.05.09 10h08
Peut-on signaler à ce correspondant que la carte nationale d'identité n'a été obligatoire que sous Vichy, pour repérer les juifs, précisément. Cette obligation (n')a été abrogée (que) en 1955. La seule obligation est de pouvoir justifier de son identité, ce par tous moyens.
Phil67
01.05.09 09h42
Le style de réponse du "Mosellan" interroge, car c'est ce style teinté de morale et de mise en doute face aux dires des autres qui permet n'importe quelle dérive, qui permet d'excuser n'importe quelle fouille et humiliation des autres, sauf quand cela arrive pour la personne elle-même qui alors explose et exige des excuses. Le style de personne fière qui ne vit que pour elle, hors de la collectivité et qui, en cas de problème, voudra bénéficier de la protection de cette collectivité.
Claire
30.04.09 19h18
En vérité, je peux "comprendre"; mon nom est étranger, et je sais que ma nièce a eu du mal avec ses papiers : elle est née en Iran d'un père français, lui-même né en Algérie d'un père français par le droit du sol. Ce qui m'étonne, c'est qu'on fasse tout un plat de la nécessité de justifier de sa nationalité. Je n'y vois ni "humiliation", ni "discrimination" (etc.) : seulement un corollaire de la chance que j'ai d'être française, et d'un pays où l'on n'entre pas comme dans un moulin.