mercredi 16 juillet 2008

LE CREPUSCULE DES BELGES.

Je chanterai comme je le voudrai
Je chant'rai ce que je voudrai
Comme je voudrai je chanterai
Et dans la langue que je voudrai

En français ou en vietnamien ... et en flamand...
En mao'i ou en indien
En basque, en wolof, en canaque
En tzigane ou en brezhoneg

Chez les rupins ou sous les ponts
Chez les lapins, chez les lapons
Chez les trappistes, chez les trappeurs
Ou chez l'minist' de l'intérieur

Et si tu veux me l'interdire
Viens donc ici pour me le dire
J'te chant'rai tout c' que tu m'as appris
Contre nous de la tyrannie
Gilles SERVAT.
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Il est une espèce de journaliste qui devient rare : celle qui ne cherche pas à mettre de l'huile sur le feu mais s'informe objectivement avant de se donner le droit d'informer , celle qui ne donne pas unilatéralement raison à un clan mais cherche les causes d'une situation dans les sous-bassements sociologiques pour, en expliquant, indiquer la route des vraies solutions...
C'est l'honneur de la profession.
Je publie cet article que je n'avais pas remarqué au moment de sa parution et salue son auteur avec beaucoup de respect.
Claude VLERICK.
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Le crépuscule des Belges ?
Aujourd’hui riche, la Flandre veut se débarrasser d’une Wallonie francophone qui, avant son déclin, l’a longtemps dominée.
De notre correspondant à Bruxelles JEAN QUATREMER.
LIBERATION QUOTIDIEN : mercredi 28 novembre 2007.
La Belgique, champs clos d’un affrontement de plus en plus impitoyable entre Flamands et francophones, a-t-elle encore un avenir ?
Cette question, que se posent désormais de nombreux Belges montre la gravité du traumatisme que traverse le pays. Certes, il faudra encore quelques crises pour venir à bout d’un pays qui a connu de nombreux soubresauts. Mais son existence même est-elle encore justifiée alors que les deux grandes communautés linguistiques du pays n’ont eu de cesse de bâtir entre elles un mur, un mur manifestement en attente de frontières ?
D’abord Etat unitaire, le Royaume s’est transformé en fédération entre 1970 et 1993. Mais l’Etat fédéral a vu ses compétences à nouveau réduites en 2001. Chaque élection est l’occasion d’exiger de nouveaux transferts de souveraineté vers les régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles). Cette fois, après les élections du 10 juin, il s’agit de transformer la Belgique en confédération. C’est ce que l’on appelle en Belgique, avec un sens certain de la litote, le «fédéralisme évolutif».
Arrogance.
Le problème est que les francophones de Bruxelles et de Wallonie refusent d’aller plus loin. Mais il serait inexact de croire qu’il y a d’un côté les «méchants flamands» qui veulent prendre leur indépendance, et de l’autre les «gentils francophones» défendant l’unité de la Belgique. La frontière linguistique, qui a créé deux espaces unilingues en 1932 est une idée des francophones qui voulaient à toute force éviter de se retrouver dans un Etat bilingue, qui aurait pourtant scellé à jamais l’unité du pays. A l’époque, la Flandre, région pauvre et catholique, était ouvertement méprisée par une Wallonie riche, laïque et socialiste. On aurait tort de sous-estimer le régionalisme wallon et le refus des francophones d’apprendre le flamand, cette «langue de paysan». Pour donner une idée de cette arrogance francophone, il faut se rappeler que ce n’est qu’en 1930 qu’une université flamande a vu le jour, à Gand, et seulement en 1967 que la Constitution belge fut traduite en flamand… Mais, là aussi, il y a une part de fantasme flamand dans la façon dont est cultivé le souvenir de cette domination : le nord du pays oublie un peu vite que la bourgeoisie flamande était totalement francophone (c’était l’anglais de l’époque) et il confond une domination de classe avec une domination linguistique. Les ouvriers wallons n’étaient pas mieux traités par le patronat wallon que les ouvriers et paysans flamands par leur bourgeoisie…
Surenchère.
C’est donc en partie sur un malentendu que s’est bâtie la revendication identitaire flamande. Mais la machine folle était lancée. La fixation d’une frontière linguistique définitive, en 1962-1963, à la demande des Flamands qui voulaient sanctuariser leur territoire, a rapidement produit ses effets délétères : dans les années 70, tous les partis politiques belges se sont scindés en deux, Flamands d’un côté, francophones de l’autre, rapidement suivi par les ordres professionnels : la justice, etc. A l’époque, personne n’a perçu que la disparition des partis politiques fédéraux impliquait que chacun voterait au sein de sa communauté et, surtout, que les élus n’étaient plus responsables que devant leur propre communauté. Cela ne pouvait qu’alimenter la surenchère nationaliste. Pis : les Flamands étant majoritaires, ils dominent forcément la chambre des députés et le poste de Premier ministre leur revient de fait. Les francophones sont ainsi privés du droit de sanctionner le principal dirigeant du pays… Dès lors que l’on vote selon son appartenance linguistique et que les droits de la minorité ne sont plus vraiment assurés, on n’est plus vraiment en démocratie. Mais, sans le retournement de la situation économique entre le sud (victime de la crise de la sidérurgie) et le nord (qui s’est lancé dans les services et les activités innovantes et exportatrices), les Flamands auraient sans doute moins été demandeurs d’autonomie. La frustration identitaire ajoutée à la soif de revanche sur une Wallonie enfin à terre a produit un cocktail détonnant.Sursaut. D’autant que la Flandre cherche actuellement à parachever son unité territoriale et linguistique en remettant en cause les droits obtenus par les francophones d’utiliser le français en certaines circonstances pourtant limitées.
En consolidant sa frontière, elle prépare ainsi l’avenir à une possible scission, ce que les francophones commencent à comprendre. Dans le même mouvement, elle veut transformer la Belgique en une simple confédération, une forme légère d’Etat central qu’elle entend conserver tant qu’elle y trouvera intérêt. Elle estime que la Wallonie, qui n’a pas su se moderniser, engluée dans un clientélisme politique entretenu par un Parti socialiste idéologiquement archaïque, est un boulet dont elle entend se débarrasser. Le refus francophone d’aller plus loin dans le démantèlement de l’État est tellement tardif qu’on voit mal comment il pourrait empêcher la Flandre d’obtenir satisfaction. La volonté de vivre ensemble semble avoir quitté ce pays. Le sursaut en faveur de l’unité ne pourra venir que de Flandre.
On n’en voit pas le signe annonciateur

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