mercredi 2 juillet 2008

L'ADOLESCENCE, UN AGE DE CRISES.


LE TEMPS. De tout temps, la jeunesse a été turbulente. Mais la crise de la puberté est une invention récente, déclinée sur un ton catastrophiste au XIXe siècle, marchandisée à partir des années 1960. Aujourd'hui, on se demande quand elle finit.
Sylvie Arsever. Mercredi 2 juillet 2008.

Leurs chansons s'appellent «L'école est finie», «C'est ma première surprise-partie» ou «Tous les garçons et les filles». Elles ont entre 16 et 18 ans et ont accédé au statut d'idoles. Les fans de Sheila, Sylvie Vartan et Françoise Hardy se recrutent notamment parmi les auditeurs d'une nouvelle émission radiophonique, Salut les Copains, qui cartonne depuis 1959. Ils suivent le détail de leur vie et de leur carrière dans le magazine du même nom. C'est le début des années 1960 et l'adolescence est à la mode.
Le phénomène est inédit. Jusqu'ici, la culture adolescente occupait la marge d'un univers balisé par les adultes. Désormais, elle donne le ton. La tendance vient des Etats-Unis, où elle s'est dessinée dès les années 1940. Et elle est avant tout commerciale: il s'agit d'exploiter le nouveau marché que constituent des ados nombreux, dont l'argent de poche a suivi la courbe d'une croissance florissante.
De sages précurseurs.
Précurseurs malgré eux, les membres de la génération yé-yé nous semblent aujourd'hui très sages. Les adultes qui organisent cette opération de marketing savent ce qu'ils font. Mais leur créature - la culture jeune - ne va pas tarder à leur échapper. Et déjà, l'adolescence présente des côtés plus sulfureux, illustrés notamment par un film-culte sorti cinq ans plus tôt aux Etats-Unis: La Fureur de vivre. L'intrigue se déroule dans le climat de violence ritualisée des bandes, un autre phénomène nouvellement apparu, croit-on, et fortement médiatisé. Les blousons noirs, qui défraient la chronique par des bagarres et des viols collectifs, ont en réalité autant d'ancêtres - zazous et apaches - qu'ils auront de successeurs, rockers, bandes plus ou moins ethniques contemporaines.
L'adolescence qui monte sur la scène en 1960 n'est pas née d'hier. Mais d'avant-hier, tout juste. Si le mot existe depuis l'époque romaine, si la jeunesse a de tout temps constitué un groupe d'âge connu pour sa turbulence et son impétuosité, la jonction du phénomène et du mot dans un concept familier date du XIXe siècle. Grandir sans singularitéLe mot - dont l'étymologie renvoie au fait de croître - a jusque-là eu des significations fluctuantes - de la petite enfance à 45 ans - et pris, au XVIIIe siècle, une tonalité moqueuse. La réalité qu'il désigne traverse d'importants chambardements. Comme les enfants, les adolescents connaissent au Moyen Age des statuts déterminés par le groupe social auquel ils appartiennent: travail aux champs ou apprentissage d'un métier pour le plus grand nombre, vie de cour, chasse et guerre pour les membres de la noblesse. A 15 ans, beaucoup ont terminé leur formation et, même dans le cadre de cette dernière, assument des responsabilités d'adulte. Un seul groupe se distingue des plus âgés par son mode de vie, c'est celui des écoliers. Eloignés de leurs familles, réduits souvent à vivre d'expédients, regroupés autour des universités en bandes aux âges disparates, ils mènent une existence peu édifiante dont l'exemple le plus connu est celui qui se dégage de l'œuvre de François Villon. Mais là encore, c'est le statut plus que l'âge qui les désigne aux yeux de leurs contemporains. D'une enfance très tôt active à l'âge adulte, la césure importante se produit au mariage. Les jeunes gens non mariés se retrouvent dans des confréries, vouées à des œuvres religieuses, ou dans des milices chargées du guet ou de l'ordre urbain. Même lorsque leurs regroupements prennent la forme plus dérangeante de charivaris organisés, par exemple, pour conspuer les noces d'un vieillard avec une jeune femme, ils font partie d'un paysage social qui les intègre sans problèmes - et sans conscience - particuliers. Le développement d'une scolarité plus ordonnée à partir du XVIIe siècle et l'embrigadement des écoliers dans les collèges font émerger une spécialisation nouvelle de l'enfance et, plus tard de l'adolescence. Mais c'est l'éducation religieuse qui fait le premier pas en fixant l'âge de la première communion. Longtemps donnée à des âges variables, cette dernière est fixée dès le XIIIe siècle entre 12 ans (pour les filles) et 14 (pour les garçons). Cette limite, fixée en fonction de la capacité supposée à comprendre le miracle de la transsubstantiation, se franchit sans cérémonie. Cela change au XVIIe siècle: la communion solennelle, qui rassemble tous les enfants d'une classe d'âge devient un moment liturgique de premier plan et un rite de passage destiné à gagner en importance jusqu'au XXe siècle.
L'âge des tourments.
C'est Jean-Jacques Rousseau, encore lui, qui fait, le premier, dans l'Emile, un sort à la puberté. Il la décrit comme une seconde naissance - à la sexualité -, un moment de crise qui «bien qu'assez court, a de longues influences. Comme le mugissement de la mer précède de loin la tempête, cette orageuse révolution s'annonce par le murmure des passions naissantes; une fermentation sourde avertit de l'approche du danger.» Crise, sexualité, orage, passions, fermentation, danger: les principaux éléments de la figure de l'adolescence naissante sont posés. Douze ans après l'Emile, un auteur allemand de 25 ans, Johann Wolfgang von Goethe, rassemble ces ingrédients dans un livre-culte qui bouleverse une génération: Les Souffrances du jeune Werther. Dans toute l'Europe, des jeunes gens vibrent avec son héros tempétueux, enferré dans un amour sentimental et impossible. Et beaucoup l'imitent jusqu'au choix du suicide pour échapper aux tensions insupportables d'une âme exaltée. Un nouveau mouvement littéraire est né, le Sturm und Drang (tempête et passion). Il prendra en français le nom de romantisme. Un des premiers héros romantiques, René, voit le jour en 1802 sous la plume de Chateaubriand. Enfant mélancolique et rêveur, René souffre du «mal de l'infini», qu'il s'efforce de soigner par les voyages puis par la réclusion. Un amour encore plus impossible que celui de Werther - puisqu'il le porte vers sa sœur - le pousse à l'exil en Amérique où un sachem et un missionnaire chrétien l'aident à sortir de ses «inutiles rêveries». Si la fin de René est plus édifiante que celle de Werther, le succès est comparable. Le «mal de l'infini» dont il souffre devient le «mal du siècle». En 1848, dans ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand désavoue ce fils prodigue: «Si René n'existait pas, je ne l'écrirais plus; s'il m'était possible de le détruire, le je détruirais: il a infesté l'esprit d'une partie de la jeunesse [...]. Il n'a plus été question que de vents d'orage, de maux inconnus livrés aux nuages et à la nuit; il n'y a pas de grimaud sortant du collège qui n'ait rêvé d'être le plus malheureux des hommes, qui, à seize ans, n'ait épuisé la vie, qui ne se soit cru tourmenté par son génie, qui, dans l'abîme de ses pensées, ne se soit livré aux vagues des passions, qui n'ait frappé son front pâle et échevelé, qui n'ait étonné les hommes stupéfaits d'un malheur dont il ne savait pas le nom, ni eux non plus.» Pubertés à haut risqueAdolescent, le romantisme? Il décrit, en tout cas, un malaise spécifique à une jeunesse qui peine à trouver sa place dans une société verrouillée et qui jouera un rôle important dans les révolutions de 1848. Ses symptômes, en outre, ressemblent de près à ceux que moralistes et éducateurs se mettent, dans la deuxième moitié du siècle, à observer chez les 16-17 ans, ces «enfants d'hier qui ne seront hommes qu'après-demain». Car la crise pubertaire, qui est devenue un thème omniprésent, a une composante sociale: le recul toujours plus net de l'entrée dans le monde adulte. Isolés dans les collèges, les jeunes mâles reçoivent, dans une discipline étroite, un enseignement - les humanités - en net décalage sur les compétences pratiques qui leur seront demandées par la suite. L'enfermement des collèges et le «mauvais esprit» qu'il suscite chez les enfermés font partie des caractéristiques de la crise adolescente. Et, dans un premier temps, la réponse à cette crise est d'enfermer plus étroitement. Car, comme l'avait relevé Rousseau, l'adolescence est dangereuse. «Les passions, comme les chiens sauvages» sont à ses portes, relève en 1900 le restaurateur de l'ordre dominicain Henri-Dominique Lacordaire. Sous les passions, les prêtres qui sont nombreux parmi les pédagogues ne peinent guère à démasquer leur ennemie de toujours: la sexualité. L'adolescence est le moment où il importe de veiller de près sur les corps et sur les âmes. «Votre esprit, votre imagination, votre cœur et votre corps, tout conspire contre vous pour vous perdre. Ce sont là des adversaires qu'il ne faut pas laisser en repos. Tenez-les constamment occupés», conseille en 1864 l'un d'eux, l'abbé Goudé. Occuper et surveiller, tels sont les maîtres mots: un lycéen doit rester aussi peu seul que possible - il pourrait se masturber - et il ne doit pas davantage s'isoler avec un camarade: «Quand on voit deux jeunes gens ensemble, il faut se méfier car probablement ils font quelque chose de mal», explicite le criminologue Cesare Lombroso.
Amitiés dangereuses.
La tendance à sublimer les premiers émois dans des amitiés sentimentales et exaltées a été repérée et son danger majeur - les amitiés particulières - discerné. La prédilection est à éviter entre collégiens. La vie de groupe est plus sûre. Bref: «La vie du collège est laborieuse, désagréable et c'est par là qu'elle est bonne», écrit le philosophe Paul Janet. L'affrontement et l'insoumission deviennent une caractéristique de l'adolescence. Bizutages dans les collèges, chahuts et révoltes si décidées qu'il faut parfois recourir à la maréchaussée pour les mater émaillent le XIXe siècle. Elles sont particulièrement nombreuses aux moments chauds politiquement - 1848 et 1870. Age bête, âge ingrat - les termes qui vont définir les alentours de la puberté sont posés dès ce moment. Comme ses dangers majeurs. La précocité, surtout sexuelle, déjà désignée en 1865 par cette exclamation appelée à faire fortune: «Il n'y a plus d'enfants!» Et les rêveries, encouragées par les mauvaises lectures, particulièrement néfastes à des âmes éminemment influençables. Mais l'adolescence n'est pas une invention des moralistes. Elle se vit aussi de l'intérieur, comme en témoigne une floraison de romans où s'étalent des émois résumés en ces termes par Flaubert dans Novembre, écrit à 20 ans: «Mes désirs n'avaient point d'objet, ma tristesse n'avait pas de cause immédiate [...]. Mes rêves me fatiguaient plus que de grands travaux.» Et les filles ?
La tempête a beau être intense et remarquée, elle ne concerne qu'une partie de la société: les garçons des milieux bourgeois. Les jeunes prolétaires et les filles continuent de passer le cap de la puberté sans bruit. Pour ces dernières, l'apparition des premières règles est même décrite comme une normalisation bienvenue. C'est «le triomphe de la vie de la femme» et tous les troubles féminins peuvent être attribués à leur retard ou à leur absence: folie, hystérie, nervosisme, nymphomanie, chlorose. Si les jeunes filles peuvent donc connaître une période pré-pubertaire un peu délicate, elles n'ont pas d'adolescence. Mûres plus tôt, ont noté les hygiénistes, elles se coulent sans transition dans le moule familial où se déroulera leur carrière. Elles se rapprochent de leur mère, qui les initie aux travaux domestiques et au dévouement. Les costumes de la communion solennelle, dont l'importance va croissant, précisent sans ambiguïté cette affectation. Alors que les garçons s'y rendent dans un costume rappelant l'uniforme - lycéen ou militaire -, les filles y arborent une robe blanche qui exalte leur virginité et préfigure celle qu'elles porteront à leur mariage.
L'ouvroir et le patronage.
Certes, tout n'est pas parfait: «Des idées de liberté germent dans leurs cerveaux; des fantômes de liberté passent devant leurs yeux. [...] Sans la piété, elles maudiraient la prison où les retient la volonté de leurs parents», note un manuel d'éducation en 1850. Mais ces derniers restent les mieux armés pour faire face et «la meilleure école pour les jeunes filles est la maison paternelle», comme l'affirme en 1864 l'ancien ministre de l'Instruction publique Hippolyte Carnot. Les jeunes prolétaires, eux, travaillent dès l'âge de 12 ans en 1874. C'est l'Eglise catholique qui, la première, s'inquiète de les encadrer pour leur éviter la déchristianisation du milieu ouvrier. Ouvroirs où les jeunes filles s'initient aux travaux d'aiguille, patronages où les jeunes gens peuvent trouver «de sages conseils, de douces amitiés, d'innocentes distractions et avec tout cela un peu de prière». Encadrer l'adolescence par les loisirs: l'idée va prospérer. Elle profite d'une vision moins catastrophique de cet âge critique qu'on voit émerger au tournant du siècle sous la plume du psychologue genevois Edouard Claparède ou chez des auteurs américains. D'autres traits comme l'altruisme, l'idéalisme ou une inquiétude spirituelle bien réelle sont aussi détectés dans cette période de crise. On va se mettre en tête de les encourager.
Détourner les pulsions.
Les Eglises sont au premier rang. Les jeunesses catholiques travaillent à développer le sens social des jeunes lycéens en les associant aux œuvres d'aide aux moins favorisés. Dans les organisations protestantes naissent les camps de jeunesse. Ces expériences qui allient les avantages de la vie au grand air à des prises de responsabilité accrues des jeunes suscitent au départ une certaine méfiance mais finissent par s'imposer comme un mode privilégié d'encadrement des jeunes avec le scoutisme, qui naît à partir de 1909. La promotion de la gymnastique, au lycée comme dans les loisirs parascolaires, permet aussi de trouver un dérivatif aux pulsions adolescentes. Un enseignement moins contraignant et plus ouvert se met lentement en place.
Jeunes délinquants.
Ces innovations sont d'autant plus nécessaires qu'une nouvelle figure de l'adolescence est née: la délinquance juvénile. Entre 1876 et 1880, cette dernière atteint, en France, 14% de la délinquance totale contre 11% trente ans plus tôt. Cela inquiète d'autant plus les contemporains que prévaut l'idée selon laquelle les mauvais plis pris à l'adolescence durent toute la vie. Un groupe fait particulièrement peur dans les premières années du XXe siècle: les apaches. Le terme, lâché au tribunal par un président indigné, est repris par plusieurs bandes parisiennes. En 1908, leur existence est avancée comme un argument décisif contre l'abolition de la peine de mort. La guerre qui éclate le 2 août 1914 va régler pour un bon moment le problème de la jeunesse. Les 9 millions de soldats tués appartiennent en majorité à cette classe d'âge et les jeunes sont aussi majoritaires parmi les quelque 14millions de morts de la grippe espagnole qui sévit aussitôt après. Les générations qui viennent derrière celles des combattants trouvent des opportunités d'insertion inédites, bientôt remises en cause par la crise économique. Mais la jeunesse est un gage de revanche pour ceux qui, comme l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie, sont mécontents de la redistribution des cartes opérée à Versailles en 1919.
Une jeunesse militante.
Les Balilla italiens comme les Jeunesses hitlériennes ne sont pas seulement un moyen d'embrigader les générations montantes de l'école primaire à l'école de recrues. Ces organisations fondent une nouvelle culture, axée sur des valeurs d'agressivité et de dévouement au destin national et destinée à irradier toute la société. Les enfants et les adolescents allemands deviennent les inspirateurs, les surveillants et parfois les dénonciateurs de leurs parents - avant d'être engouffrés à leur tour dans la déflagration de 1939-1945. La génération yé-yé est née dans le baby-boom amorcé à la fin du conflit. C'est elle qui se retrouvera, avec ses cadets, sur les barricades de 1968, dans un mouvement qui a commencé comme un charivari. La révolution, qui n'est pas sans rappeler celles qui ont mobilisé la jeunesse de 1848, avorte. Mais la société, le lendemain, n'est plus la même. La crise d'adolescence connaît alors un nouvel avatar: la drogue. C'est l'épouvantail qui sert à dessiner, pour le monde des adultes, le danger de ce qu'on appelle maintenant «la jeunesse». C'est aussi un long voyage, qui se terminera, pour ceux qui y ont survécu, sur les scènes ouvertes des années 1980, puis dans la médicalisation des années sida. Entre-temps, l'adolescence est redevenue un marché, beaucoup moins homogène toutefois que celui des années 1960. Les filles y trouvent des vêtements sexy dès l'âge de 8 ans, les garçons des consoles de jeux dont les dangers sont évoqués par les adultes avec des accents semblables à ceux suscités par la littérature en 1850.
Un âge sans fin.
Débarrassés depuis longtemps de l'uniforme des lycées, les adolescents s'en fabriquent d'autres qui manifestent leur appartenance à telle ou telle tribu, se font tatouer, percer le nez, les sourcils, les lèvres ou le nombril. Derrière ces pratiques, certains psychologues discernent des tentatives sauvages de reconstruire un rite de passage que la société ne fournit plus. Une explication que certains avaient déjà donnée du recours à la drogue. L'adolescence s'étend dans le temps. Commencée plus tôt - on sera bientôt pré-ado dès le début de l'école primaire - sans fin bien perceptible: le premier travail? La naissance d'un premier enfant? Mais elle fait toujours aussi peur. Violences entre bandes rivales, initiation sexuelle précoce, viols collectifs alimentent régulièrement les médias. Les apaches de 1908 sont de retour, avec les blousons noirs des années 1950. Ils filment désormais leurs exploits avec leur téléphone portable. Autrement, ils ont peu changé: ils ont le même pouvoir de paraître, aux yeux des adultes, absolument nouveaux et terrifiants.

A LIRE :
Agnès Thiercé: Histoire de l'adolescence (1850-1914) Ed. Belin, 1999 Patrice Huerre, Martine Pagan-Reymond, Jean-Michel Reymond: L'Adolescence n'existe pas Ed.Odile Jacob, 2003 A voir En Suisse romande, deux expositions sont actuellement consacrées au thème de l'adolescence: Teen City. L'aventure adolescente. Musée de l'Elysée, av. de l'Elysée 18, Lausanne, tél. 021/316 99 11,
http://www.elysee.ch. Ma-di 11h-18h, jusqu'au 26 octobre. La marque jeune. Musée d'ethnographie de Neuchâtel, rue Saint-Nicolas 4, tél. 032/718 19 60, http://www.men.ch. Ma-di 10h-17h, jusqu'au 1er mars.

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