jeudi 10 avril 2008

BERNARD LAVILLIERS. RENCONTRE AVEC...


Excellente interview qui me vient en droite ligne de SUISSE.
SITE DU Lausanne-Cités.

RENCONTRE AVEC… - Bernard Lavilliers
Par PiMi, 10 avril 2008.
Lavilliers sera toujours Lavilliers et c'est tant mieux. On le retrouvera le 23 mai sur la scène de l'Arena de Genève. Pour mieux patienter, voici quelques extraits de l'interview qu'il m'a accordée à la sortie de son nouvel album intitulé «Samedi soir à Beyrouth».

- Tu rajeunis, c'est ta nouvelle coupe de cheveux?

- Je ne rajeunis pas et je blanchis. Jeune, je voulais toujours paraître plus vieux, maintenant c'est fait. Précédemment, avec les cheveux courts, on passait pour des fascistes, aujourd'hui, il n'y a plus de problèmes, de plus c'est vachement pratique, on peut se coiffer avec une serviette. J'ai aussi 61 ans et j'assume.

- Parle-moi de ton album.

- «Samedi soir à Beyrouth» c'est mon chef-d'œuvre, bien entendu pas au sens des «Compagnons du devoir». Mais il y a dans cet album, le meilleur son que j'ai pu avoir depuis longtemps. L'album est cohérent, pas trop arrangé tout en ayant de très bons musiciens. Je dois beaucoup à mes musiciens. Je dois aussi à mon père le calme que j'ai maintenant, je le copie car il est toujours vivant, je ne le renie pas, il m'a appris à dire calmement les choses que je disais violemment avant. J'écoute, avec attention, les remarques qu'il me fait de temps en temps, car il n'y a jamais rien à redire. Ma mère, elle, est une volcanique, sicilienne d'origine, très passionnelle, mes parents adorent la musique. Ce sont des gens qui ont 91 ans et sont ensemble depuis soixante-cinq ans, ils écoutent ma musique, ils lisent les nouveaux romans, ils s'intéressent à l'actualité, c'est hallucinant. Le pire pour moi, c'est quand l'un des deux va disparaître, car le survivant va avoir du mal avec l'ennui et toute notre famille va se retrouver très orpheline.Dans mon album, tous les gens que j'aime sont présents, les morts et les vivants, c'est cela «Samedi soir à Beyrouth».

- Ne crois-tu pas que si nos parents tiennent bien la route, c'est parce qu'ils ont des enfants magnifiques, des enfants qui ne cèdent jamais. Depuis que je te connais, tu es toujours le même tout en ayant changé?

- C'est vrai, nous sommes plusieurs en famille, avec des destinées différentes et comme nos parents, nous ne cédons pas, nous ne baissons jamais les bras. Mon père, quand il entend Sarkozy dire qu'il faut travailler plus pour gagner plus, se sent offensé, il s'offense calmement. Plus je vieillis, plus je deviens comme lui et je constate que je suis plus entendu que quand je dis les choses avec violence.

- En écoutant beaucoup ton disque, j'ai eu l'impression que c'était un peu comme un passage de témoin, c'était ton intention?

- Un jour, un Africain m'a dit: «Si on ne peut pas danser sur ta musique, personne ne l'entendra». Nous, les artistes, nous ne sommes pas là seulement pour noircir le tableau, nous sommes aussi là pour ensoleiller les imaginations, pour donner du rêve. Il faut embraser les désirs, donner de l'amour, provoquer des frissons, nous devons faire peur et puis rassurer, faire rire et pleurer et surtout ne jamais se prendre au sérieux. Une chanson ce n'est pas comme un tableau que l'on possède ou que l'on va voir dans un musée, une chanson appartient au public. Ce public c'est des milliers de personnes différentes qui s'approprient cette chanson, elle devient la leur, selon leur histoire, leur vécu. C'est peut-être cela le passage de témoin.

- Dans ton album Ferré m'a semblé omniprésent?

- C'est vrai, il y a des choses de Léo, mais aussi d'Aragon, de Caussimon, de Rimbaud «par délicatesse, j'ai perdu ma vie…», putain, que c'est beau, c'est dingue de dire des choses pareilles à 20 ans. C'est comme Brel qui a fait toute sa carrière en vingt ans. Tous des êtres exceptionnels et déchirés. C'est en étant déchirés que l'on est vivant, les gens qui veulent se mettre à l'abri sont comme dans un cercueil plombé, plus rien ne les touche, rien ne les fait changer d'avis, c'est les «Bourgeois» dont parlait Brel.
http://www.bernardlavilliers.net/Roubaixcolisee.htm
Toutes le dates de concerts :

Aucun commentaire: