Nº2319
SEMAINE DU JEUDI 16 Avril 2009
Le Nouvel Observateur
Que l'on soit français, anglais ou allemand, il ne fait décidément pas bon être jeune aujourd'hui. Dans toute l'Europe, les mauvaises nouvelles s'abattent sur une génération qui peine à s'émanciper. Précarité, taux de chômage des moins de 25 ans à la hausse, crise de confiance... Les repères vacillent. Certains n'hésitent pas à parler de «génération sacrifiée». Difficile d'entrer dans l'âge adulte lorsque l'on a le sentiment d'un déclassement et que l'on paie plus cher que les autres. Les gouvernements ont compris l'urgence de traiter le «péril jeune» en inscrivant la lutte contre le chômage des jeunes dans leur plan de relance. Mais cette pression supplémentaire s'ajoute à celle déjà existante de l'émancipation et de l'accès à l'autonomie, palpable à des degrés divers chez les moins de 25 ans.Cécile Van de Velde, maître de conférences à l'EHESS, a déterminé quatre modèles en Europe (1) : le nordique, où l'Etat se substitue très vite à la famille et où les trajectoires entre études et monde du travail sont très mobiles; le libéral des pays anglo-saxons, très individuel et avec une recherche d'emploi rapide; le méditerranéen, où la solidarité familiale est encore très légitime; le modèle intermédiaire des Français, où l'on surinvestit dans les études et le sacro-saint diplôme sans être sûr d'avoir un débouché. Pas étonnant que les Français soient plus pessimistes que les Danois face à leur avenir ! Pour la jeune sociologue, «les pays du Nord sont les mieux armés pour faire face à la crise», avec des parcours très mobiles et protégés par l'Etat. Mais elle reconnaît que la crise peut provoquer une «latinisation des parcours de vie», avec un poids de la famille en augmentation et un temps d'insertion plus long. Devant l'absence d'horizon, faut-il craindre un scénario à la grecque ? Et voir une jeunesse désespérée, parce que désoeuvrée malgré elle, passer à l'action.
SEMAINE DU JEUDI 16 Avril 2009
Le Nouvel Observateur
Que l'on soit français, anglais ou allemand, il ne fait décidément pas bon être jeune aujourd'hui. Dans toute l'Europe, les mauvaises nouvelles s'abattent sur une génération qui peine à s'émanciper. Précarité, taux de chômage des moins de 25 ans à la hausse, crise de confiance... Les repères vacillent. Certains n'hésitent pas à parler de «génération sacrifiée». Difficile d'entrer dans l'âge adulte lorsque l'on a le sentiment d'un déclassement et que l'on paie plus cher que les autres. Les gouvernements ont compris l'urgence de traiter le «péril jeune» en inscrivant la lutte contre le chômage des jeunes dans leur plan de relance. Mais cette pression supplémentaire s'ajoute à celle déjà existante de l'émancipation et de l'accès à l'autonomie, palpable à des degrés divers chez les moins de 25 ans.Cécile Van de Velde, maître de conférences à l'EHESS, a déterminé quatre modèles en Europe (1) : le nordique, où l'Etat se substitue très vite à la famille et où les trajectoires entre études et monde du travail sont très mobiles; le libéral des pays anglo-saxons, très individuel et avec une recherche d'emploi rapide; le méditerranéen, où la solidarité familiale est encore très légitime; le modèle intermédiaire des Français, où l'on surinvestit dans les études et le sacro-saint diplôme sans être sûr d'avoir un débouché. Pas étonnant que les Français soient plus pessimistes que les Danois face à leur avenir ! Pour la jeune sociologue, «les pays du Nord sont les mieux armés pour faire face à la crise», avec des parcours très mobiles et protégés par l'Etat. Mais elle reconnaît que la crise peut provoquer une «latinisation des parcours de vie», avec un poids de la famille en augmentation et un temps d'insertion plus long. Devant l'absence d'horizon, faut-il craindre un scénario à la grecque ? Et voir une jeunesse désespérée, parce que désoeuvrée malgré elle, passer à l'action.
(1)«Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse en Europe», par Cécile Van de Velde, PUF, 2008.
Marco Mosca Le Nouvel Observateur
Marco Mosca Le Nouvel Observateur
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