mardi 7 avril 2009

JEUNES = DANGER ?

LE MONDE. Chronique d'abonnés.
Jeunes = danger ? par thierry c., ouvrier 05.04.09
Pas un jour ne se passe sans qu'on lise dans les journaux que les jeunes sont impliqués dans des actes d'incivilité ou de violence. A en croire les médias et certaines statistiques, les jeunes constitueraient ainsi une menace permanente contre laquelle il faudrait se prémunir. A l'appui de cette thèse il suffit de se référer aux statistiques policières qui soulignent la corrélation entre criminalité et forte densité de jeunes. Les cités, les lieux les plus dynamiques en matière démographiques sont ainsi des lieux de danger. Mantes la Jolie, et en particulier le Val Fourré, Sarcelles, Vaux en velin, sont ainsi autant d'endroits où il ne fait pas bon trainer lorsque l'on est un honnête citoyen.
Pour autant si on arrive à bien localiser les lieux criminogènes, on ne sait toujours pas endiguer la violence.
Pourquoi ?
Je ne lancerais pas ici dans une profonde analyse sociologique, je ne suis pas sociologue. Mais il faudrait quant même signaler que trop souvent nos jeunes sont des "sans droits".
Exclus du travail (près de 30% des jeunes sont au chômage), interdits de moyens de vivre, maintenus dans l'enfance de plus en plus tard, nos jeunes constituent, à n'en pas douter une classe de citoyens de seconde zone.
Prétendument à "l'âge de tous les possibles", nos enfants constatent bien souvent qu'ils sont surtout cantonnés dans une sphère d'impuissance angoissante, voir insuportable. L'accès à l'emploi représente pour eux une course épuisante, l'entrée dans un logement indépendant constitue une exception à 20 ans, enfin, les mots indépendance et liberté sont renvoyés au rang de concept depuis longtemps abandonnés.
Bref, nos jeunes, notre jeunesse, vit depuis de nombreuses années un exercice de grand écart insupportable. Présenté comme des modèles par les média et la presse qui magnifient leur beauté et leurs espoirs, les jeunes sont en fait cantonnés dans un rôle de figuration épuisant. Ils peuvent réussir dans le sport, briller dans la chanson, mais au delà des performances de l'image, et la "star ac" en est un exemple navrant, ils ne sont jamais considérés que comme des faire valoir. Loin de pouvoir présenter une autre chanson française, comme leurs ainés l'avaient fait, ils sont rappelés devant l'écran pour annoner les paroles de leurs ancêtres, comme s'ils étaient incapables de créativité.
Qu'aurait on dit si, dans les années soixante, soixante dix, Jonny Halllyday avait été cantonné dans le répertoire de Tino Rossi ?
Sans doute aurait on crié au scandale.
Or là personne ne dit rien. Peut être que nous sommes trop heureux de les voir s'épuiser à nous singer, au moins pendant ce temps là, ne cassent ils pas les vitrines des commerçants.
Peut être, mais reste qand même une question de fond : pourquoi la jeunesse, depuis quarante ans, se révolte t-elle de manière récurente ? Pourquoi depuis 1968 les jeunes sont-ils enclins à jeter des pierres sur les gendarmes mobiles et à contester toujours un peu plus violemment l'autorité ? Pouquoi les cités sont elles le théatre de violences récurentes ?
Ne serait-ce pas parce que les jeunes perçoivent chaque fois un peu mieux le hiatus qui se creuse entre les modèles qu'on leur propose et les opportunités qu'on leur offre ?

Aucun commentaire: