mardi 20 mai 2008

UNE AGRICULTURE RESPECTUEUSE DE L'ENVIRONNEMENT.

«Il faut réinventer une agriculture respectueuse de l’environnement»
Arnaud Greth, président de Noé Conservation, sur la biodiversité.
Recueilli par ALEXANDRA SCHWARTZBROD.
LIBERATION QUOTIDIEN : mardi 20 mai 2008.

Alors que l’ONU entame à Bonn quinze jours de travaux sur l’avenir de la planète, l’association Noé Conservation organise à partir de cette semaine, au muséum d’histoire naturelle de Paris, l’exposition «Biodiversités, nos vies sont liées» (1) qui montre à quel point nous dépendons au quotidien de la biodiversité. Son président, Arnaud Greth, témoigne.

La vie sur terre est-elle menacée ?
Des espèces animales et végétales s’éteignent sans que cela nous émeuve. Le bouquetin des Pyrénées a disparu en 2000, et on vient d’annoncer la fin du Baji, le dauphin du Yangtsé. Derrière ces cas emblématiques, des milliers d’espèces ne jouent plus leur rôle écologique. Telles ces espèces vitales pour notre survie que sont les pollinisateurs. Sans ces insectes (parmi eux les papillons), on n’aurait plus ni fruits ni légumes. Cette dégradation de la fonctionnalité et de la productivité des écosystèmes nous concerne tous.


Les papillons chutent vraiment ?
En Europe, les populations de papillons ont diminué de 50 % en quinze ans ! Et ce ne sont pas les seules. Tous nos écosystèmes de proximité sont touchés.


Pourquoi ?
A cause de la disparition et de l’altération des milieux naturels, et de la pollution. Pour avoir des écosystèmes sains et productifs, il faut des milieux naturels en bon état. Or, en France, l’activité biologique (la microflore) des sols a été réduite de 90 % en trente ans à cause de l’agriculture intensive. Dans les pays en développement, des millions de kilomètres carrés de sols ont été détruits par l’agriculture sur brûlis. Pas moins de 60 % des écosystèmes qui rendent des services vitaux à l’homme sont dégradés, tels ceux nécessaires au stockage et à l’épuration de l’eau douce, à la décomposition des déchets organiques dans le sol, à la captation du CO2 (par les forêts et les océans).


La crise alimentaire en est-elle un des symptômes ?
Clairement. Si on veut nourrir la planète, il faut favoriser les cultures vivrières, et freiner cet essor des agrocarburants qui pousse à produire, aux dépens des paysans des pays pauvres, des cultures industrielles destinées à remplir nos réservoirs. Et surtout réinventer une agriculture respectueuse de l’environnement.


Y a-t-il une prise de conscience ?
Pour le climat, on est de plus en plus conscient des enjeux; la tonne carbone est devenue l’unité de mesure. Pour la biodiversité, le message est plus compliqué. Il faudrait qu’on trouve un indicateur simple, la tonne papillons par exemple ! On vit dans des sociétés urbaines où l’on a oublié le rôle et notre lien avec la biodiversité. La crise alimentaire mondiale est peut-être l’occasion de montrer que la nature est la meilleure alliée de l’agriculture. Mais maintenant il faut passer aux actes.
(1) www.noeconservation.org

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