lundi 12 mai 2008

SYNDICALISME D'ACTION DIRECTE ET RENARDISME EN BELGIQUE.

André Renard.
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ArchivesFévrier 2006. Le Monde Diplomatique.
Changer la société sans prendre le pouvoir. Syndicalisme d’action directe et renardisme en Belgique. Mateo Alaluf (dir.)

Héritier de l’anarcho-syndicalisme, le renardisme refusait la tutelle du Parti ouvrier (« socialiste » après 1945) belge sur le mouvement syndical.
Le lecteur sera surpris d’apprendre que la lutte d’« action directe » révolutionnaire fut solidement enracinée au plat pays.
C’est dans la résistance à l’occupant nazi – et tandis qu’une frange de la gauche et du syndicalisme belges rejoignait le patronat dans la collaboration – que s’affirme le leader des métallurgistes liégeois André Renard.
Avec les Comités de lutte syndicale (CLS) communistes, son Mouvement syndical unifié (MSU) forme le noyau de ce qui deviendra, en 1945, la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB). Le renardisme s’illustre dans les grèves quasi insurrectionnelles de 1950 et 1960-1961 et dans la rédaction du programme « anticapitaliste » de la FGTB, avant de se replier sur le combat wallon.
Les auteurs de l’ouvrage rappellent les grands moments de ce syndicalisme révolutionnaire.
Le titre entre en résonance avec une aspiration des mouvements sociaux actuels : changer l’ordre établi tout en refusant la politique « politicienne ».
Jean-Marie Chauvier. Labor, Bruxelles, 2005, 171 pages, 20 euros.
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« Temple en ruines » publie pour sa part, des extraits de la brochure introuvable d'André Renard : « Vers le socialisme par l'action. » qui date de 1958 et qui conserve, malgré le temps qui a passé, des aspects prophétiques...
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Les objectifs à atteindre.
Le moment est venu de le proclamer clairement : l'action ouvrière, l'action socialiste, qui se limitent à corriger périodiquement les effets les plus inhumains du système capitaliste n'ont pu qu'intégrer le mouvement ouvrier belge dans un capitalisme social à peine rénové.

En remettant aux calendes grecques - à savoir au moment d'une majorité absolue au Parlement, qu'une telle politique rend d'ailleurs inaccessible – toute lutte directe pour la transformation de la société, elles conduisent le mouvement ouvrier dans l'impasse.

Non seulement, elles mènent à une perte de substance des organisations ouvrières, à la démoralisation et au scepticisme des travailleurs, au dangereux apolitisme des jeunes. Mais elles ne permettent pas de conserver les conquêtes les plus importantes, notamment la démocratie politique.
Or, le vieillissement de notre structure économique, la position de plus en plus compromise sur les marchés mondiaux, l'extension des courants d'émancipation des peuples colonisés à l'Afrique noire, menacent incontestablement, dans les années à venir, cet équilibre précairement établi au lendemain de la libération.
Elles menacent du même fait les conditions qui ont permis au patronat d'accepter la politique des « hauts salaires » et la sécurité sociale.

Les travailleurs ne toléreront pas des attaques sérieuses contre leur niveau de vie.
Aussi le capital recherchera-t-il les moyens de les baillonner lorsque ce niveau de vie ne pourra plus être maintenu sans compromettre ses positions.
Car la démocratie n'est en effet tolérée par le grand capital que dans la mesure où elle laisse subsister les structures économiques et sociales qu'il a créées et où celles-ci ne sont pas soumises à des secousses trop menaçantes. (...)

Suivent une série d'objectifs à atteindre :
1. Planification économique.
2. Nationalisations.
3. Coordination des organismes publics de crédit.
4. Réforme fiscale.
5. Service national de la Santé.
6. Démocratie de l'enseignement.
7. Démocratie économique.
Le but final du socialisme, c'est la gestion collective des moyens de production par les producteurs eux-mêmes.
Mais ce but ne peut être atteint dans le cadre de l'économie capitaliste qui fonde sur le droit de propriété l'autorité au sein de l'entreprise.
De plus, si on accorde aux représentants des travailleurs la responsabilité partielle de la gestion des entreprises capitalistes, on les expose à s'intégrer dans le système capitaliste.
L'expérience de la cogestion dans l'industrie lourde de la Ruhr est concluante à cet égard.
Cependant, pour conquérir le pouvoir et pour être à même de reprendre en main la direction des entreprises, la classe ouvrière doit faire un effort spécial d'apprentissage.
Le contrôle ouvrier de la gestiondes grandes entreprises lui en donne les moyens.
Contrôle dans l'économie capitaliste, cogestion dans l'économie socialiste, telle est la formule qui correspond le mieux aux intérêts du mouvement ouvrier.
Ce contrôle ouvrier, il faut chercher à l'instaurer au plus tôt, notamment en élargissant le droit d'information des conseillers d'entreprise.
(...)

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