mercredi 22 octobre 2008

JE VOIS UN TOUT PETIT GARCON (2) : SUBPRIMES.

Arnold De Spiegeleer. Cocons.
Je vois un tout petit garçon, dans la cabine du chauffeur d’un camion de déménagement, recroquevillé autour d’un petit chat noir en boule sur ses genoux.
Rien n’est visible à l’extérieur : purée de pois d’une opacité extrême.
Le camion aussi est en boule sur le gamin.
On roule longtemps - du moins, c’est ce qu’il lui semble - en longeant cette frontière, pour aller où ?
On débarque en pleine campagne : une maison délabrée sans eau courante (un puits), sans gaz, sans électricité.

***
Je vois un vieillard - en boule dans un cocon - qui s'arrache pour un nouveau départ.
Le fait qu'il ait vieilli a très peu d'importance : il n'a rien appris et s'est juste rapproché de la mort.
La femme, sans âge, en boule sur lui : la génitrice, la soeur, la fille, l'amante, la compagne ?
La femme : la mère des métamorphoses. Elle n'a rien appris non plus puisqu'elle s'avance, inconsciente de ce que l'on a misé et que l'on mise encore sur elle.

***
Poker menteur.
Les jeux sont presque faits.
Il va donc falloir s'installer, stopper les errances...

***
La route est longue - du moins, c'est ce qu'il lui semble par moments - en longeant cette frontière, pour aller où ?
Il débarque dans la campagne urbanisée. Se fiant au plan, il découvre sa maison : du moins celle qu'il a achetée...
Il y a de l'eau courante, du gaz, de l'électricité : certains ont voué leur vie à ce que cela soit...
Des voisins - du moins il le présume - achèvent de s'installer et jettent un regard méfiant aux arrivants du jour : c'est donc à côté d'eux qu'il faudra tenter de vivre...
***
Je vois un tout petit garçon en boule dans un cocon.
Le fait qu'il ait vieilli a très peu d'importance : il n'a rien appris. Contre toute attente - en fonction de la précarité de sa situation - on lui a consenti un prêt.
Tentant l'aventure exaltante du remboursement, il croyait n'engager que lui...
Tout était donc si fragile...

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