jeudi 7 mai 2009

ANDRE GORZ. CELUI QUI AVAIT VU JUSTE.

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Hommage à André Gorz.
Par Nouvel Obs.
Philosophe de la contestation, pionnier de l'écologie, André Gorz avait décrit la crise générale qui, aujourd'hui, ébranle le capitalisme
Tout a changé avec «Lettre à D.» dans l'image que l'on pouvait se faire d'André Gorz. En plus de l'intellectuel existentialo-marxiste, initiateur de l'écologie politique en France, critique radical du capitalisme, il devenait l'auteur d'un des plus beaux textes d'amour de la littérature, opposant au modèle Sartre-Beauvoir du couple libre celui d'un couple totalement fidèle et tout aussi durable. Leur double suicide, en 2007, acheva de donner à Gorz et Dorine un caractère exemplaire et une aura romanesque.

Surtout, cette fin amoureuse transforme la portée de la pensée de Gorz. Qu'on imagine Marx, qui aimait profondément sa femme, intégrant cet amour à sa pensée sociale. La face du monde en eût été changée. L'un des contributeurs à l'excellent ouvrage sur l'oeuvre de Gorz dirigé par Christophe Fourel, Patrick Viveret, ose cette idée:
«On pourrait imaginer que si Marx avait eu le temps et le courage de penser son amour pour Jenny comme Gérard Horst [le vrai nom d'André Gorz] l'a fait pour Dorine, il aurait été capable de penser cette anthropologie qui lui fait si cruellement défaut».
L'enjeu est considérable: en donnant sa composante affective, émotionnelle, au désir de transformation de la société, c'est en effet sa dimension existentielle qui serait prise en compte. Toute la pensée de Gorz - qu'il a développée dans ses livres mais aussi, sous le nom de Michel Bosquet, illustrée pendant sa carrière de journaliste à «l'Express» puis au «Nouvel Observateur» - repose sur l'idée que le sujet est par essence un «mauvais sujet, rebelle au pouvoir et à la règle» (Alain Touraine). C'est en quoi, à travers toutes ses évolutions, cette pensée reste profondément sartrienne plus que marxiste. Les auteurs du collectif «André Gorz. Un penseur pour le XXIe siècle»(1) ne sont pas du genre thuriféraires ou hagiographes, quand bien même tous ont eu de l'affection pour l'homme et sont entrés avec lui dans un dialogue direct. Tous s'entendent à faire leur la question essentielle posée par André Gorz, qui n'est pas celle d'un doctrinaire: que désirons-nous faire de et dans notre vie?
«Hommage à André Gorz» le mardi 5 mai à 19h
Un «Hommage à André Gorz» est organisé, avec le soutien de l'Imec, le mardi 5 mai, à 19 heures, à la Salle des Fêtes de la mairie du 11e arrondissement de Paris. Une table ronde, modérée par Michel Contat (Groupe d'Etudes sartriennes), réunira Christophe Fourel («Alternatives économiques»), Serge Lafaurie («le Nouvel Observateur»), Arno Münster (université de Picardie), le pasteur Jacques Maury (la Cimade) et Rossana Rossanda («Il Manifesto»).
La vérité étant avant tout pratique, les questions d'organisation de la société et de redistribution des richesses se posent en fonction de l'évolution des technologies. Gorz a très vite compris que l'informatique, l'immatérialité des connaissances donnait l'essor à une intelligence collective qui échappe à la logique capitaliste du profit et de la croissance indéfinie. Ses prophéties économiques n'ont certes pas toutes été vérifiées; en revanche, le sont à présent ses prévisions de la crise générale qui devait fatalement mettre en cause le règne du marché. Sa pensée nous met en quelque sorte au pied du mur: la sortie de la crise se fera soit au prix d'une nouvelle barbarie, soit par une convivialité fraternelle.

(1)«André Gorz. Un penseur pour le XXIe siècle», sous la direction de Christophe Fourel, La Découverte, 240 p., 18 euros. Les droits d'auteur iront à la Cimade.
Autres parutions: «André Gorz ou le Socialisme difficile», par Arno Münster, Editions Lignes, 126 p., 14 euros; «André Gorz. Vers la société libérée», commentaire de Michel Contat, livre audio, Editions Textuel/INA, coll. «la Voix au chapitre», 76 p. + CD, 24,90 euros.
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«Hommage à André Gorz» le mardi 5 mai à 19h.
Un «Hommage à André Gorz» est organisé, avec le soutien de l'Imec, le mardi 5 mai, à 19 heures, à la Salle des Fêtes de la mairie du 11e arrondissement de Paris. Une table ronde, modérée par Michel Contat (Groupe d'Etudes sartriennes), réunira Christophe Fourel («Alternatives économiques»), Serge Lafaurie («le Nouvel Observateur»), Arno Münster (université de Picardie), le pasteur Jacques Maury (la Cimade) et Rossana Rossanda («Il Manifesto»).

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