vendredi 7 novembre 2008

LES KRACHS BOURSIERS.


La Hollande subit le premier krach de la Tulipe au milieu du XVIIe siècle. Le bulbe d'une espèce rare, Semper Augustus, affiche un cours de 1000 florins en 1623. Quelques années plus tard, en 1637, il a plus que quintuplé. Le revenu moyen d’un hollandais correspond à peine à 3% de la valeur d’un bulbe d’alors. Mais les choses se retournent brusquement, à la fin de la décennie. La valeur du bulbe chute. En 1642, sa valeur a été divisée par dix. L’Europe connaît alors une profonde récession.


Les krachs boursiers, une vieille histoire
LEMONDE.FR 10.10.08 16h52 • Mis à jour le 10.10.08 17h15
Le krach boursier, terme qui est actuellement à l'œuvre sur les marchés, est une baisse soudaine et précipitée – aux alentours de 10 % en une même séance – des actions touchant une place financière ou plusieurs d'entre elles. L'une des caractéristiques principales du krach est l'effet de panique qui voit les investisseurs vendre tous en même temps, créant ainsi une spirale baissière que rien ne peut arrêter. Le terme de "krach" apparaît lors de la chute des Bourses de Vienne et de Berlin en été et en automne 1873.

C'est donc un phénomène ancien, et l'Histoire a été ponctuée de krachs plus ou moins spectaculaires.
LES PRINCIPAUX KRACHS DE L'HISTOIRE BOURSIÈRE
1637 : krach de la tulipe.


La "tulipomanie" fut, en Hollande, la première bulle spéculative économique et financière de l'histoire moderne. La spéculation était fondée sur le commerce des bulbes de tulipe, dont les prix atteignirent des sommets. Ainsi, en 1623, le bulbe d'une variété rare affiche 1 000 florins, en 1625, 2 000 et en 1637, 5 500 (le revenu annuel moyen de l'époque est de 150 florins). Mais en février 1637, les cours s'effondrent, déclenchant une véritable panique. En 1642, après le krach, le prix de la tulipe n'était plus qu'au dixième de sa valeur et cent ans plus tard à deux centièmes.

1720 : la faillite de Law.

Elle est provoquée par l'action de John Law, financier irlandais qui avait été chargé de restaurer les finances du royaume de France très endetté. Law va introduire le papier-monnaie en 1716 et créer une banque privée qui deviendra la Banque royale en 1718. Les actions de la banque montent en flèche au début. Mais le public finit par perdre confiance dans les billets, une nouveauté en France, et exige leur remboursement en or et en argent. La valeur des billets émis dépassant de beaucoup l'encaisse de la banque (valeur des billets et dépôts), celle-ci fait faillite. Les actionnaires perdent tous leurs investissements et Law prend la fuite. Ce premier krach en France fâchera durablement les Français avec la Bourse.

1873 : krach de la Bourse de Vienne.

L'unification allemande de 1871 favorise le développement économique du monde germanique. Mais le développement de la concurrence entraîne ensuite une baisse des profits des banques. Les actionnaires s'inquiètent et la Banque de Budapest doit faire face à des demandes de remboursement ; elle ne peut faire face et se retrouve en cessation de paiement. D'autres banques sont ensuite touchées et la crise s'étend ailleurs en Europe. Les Bourses chutent, d'abord à Vienne – la Bourse de l'Empire austro-hongrois –, puis dans le reste de l'Europe.

1882 : krach de l'Union générale.

La faillite de cette banque catholique française entraîne celles de nombreux agents de change. Les Bourses de Lyon et Paris sont ébranlées. La crise de plusieurs années qui s'ensuit affectera surtout les mines, la métallurgie et le bâtiment, entraînant son cortège de misère, chômage et conflits sociaux violents comme à Anzin (Nord) et Decazeville (Aveyron).

1929 : krach à Wall Street.

C'est le plus connu et le plus grave par son ampleur et ses conséquences. Il fait suite à la vague de spéculations à partir de 1927 aux Etats-Unis en raison de la forte croissance de l'économie américaine. Le fait que 80 % des transactions sur les actions se font à crédit rend très risqué un retournement du marché qui rendrait le remboursement des titres impossibles. C'est ce qui se passe fin octobre 1929. Le jeudi 24 octobre, l'indice Dow Jones de la Bourse de New York perd plus de 22 % en début de séance, mais se redresse et limite sa baisse à 2,1 % en clôture. Il replonge ensuite de 13 % le 28 octobre et de 12 % le 29. Puis les Bourses ne cesseront de reculer. Cette crise donne un coup de frein aux spéculations boursières. Elle marque le début de la Grande Dépression aux Etats-Unis et d'une crise économique mondiale, qui affecte l'Europe dans les années 1930. Favorisant par ses effets – une très forte hausse du chômage notamment – la montée du nazisme et du fascisme en Europe, elle est un des facteurs de la seconde guerre mondiale. Ce n'est qu'en 1954 que la Bourse américaine retrouvera son niveau d'avant le krach.

1987 : krach du 19 octobre à Wall Street.

A la suite d'un déficit commercial important et d'un relèvement des taux directeurs de la Bundesbank, le Dow Jones perd 22,6 % en une journée. Les autres places boursières chutent également, mettant en lumière l'interdépendance des marchés financiers mondiaux. Il s'agit du premier krach de l'ère informatique.

1998 : krach russe.

Au mois d'août, le rouble perd 60 % de sa valeur en onze jours (dont 17,13 % le 27 août). La Russie connaît une crise économique et monétaire en partie liée à la crise financière asiatique de 1997. Le fonds spéculatif américain LTCM, qui menait des opérations sur les titres obligataires, n'évite l'écroulement que grâce à l'intervention de la banque centrale américaine, qui veut éviter un effet dominos sur les marchés financiers.
1998 : crise asiatique. Elle frappe des pays émergents considérés comme des modèles de développement avec une forte croissance économique, mais de gros déficits extérieurs que venaient financer les flux de capitaux étrangers. Elle éclate en Thaïlande le 2 juillet 1997, lorsque les autorités décident de laisser flotter le baht, la monnaie du pays, qui se déprécie fortement. La perte de confiance dans les monnaies asiatiques s'étend et entraîne la dépréciation d'autres monnaies de pays émergents asiatiques ; elle conduit à l'insolvabilité de nombreuses banques, qui entraîne un effondrement de l'activité économique. Les Bourses s'effondrent, mais les effets sur l'économie mondiale sont relativement limités.

2000 : éclatement de la bulle Internet.

La bulle spéculative autour des valeurs boursières liées à l'Internet et aux nouvelles technologies se dégonfle. Après un record à 5 048,62 points le 10 mars, l'indice Nasdaq de New York, qui concentre les valeurs de l'Internet et technologiques, recule de 27 % durant les deux premières semaines d'avril et de 39,3 % sur un an. Cette chute se répercute sur tous les marchés liés à la "nouvelle économie". Elle se transmet ensuite aux autres marchés liés à cette "nouvelle économie".

2001 : le 11 septembre,

après les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, la Bourse de New York est fermée pour une semaine. A sa réouverture, l'indice Dow Jones perd 684 points (- 7,3 %).

2008 : la crise des subprimes.

Due à une bulle immobilière aux Etats-Unis (qui existe aussi dans certains pays d'Europe), la crise des subprimes (crédits hypothécaires à risque) aux Etats-Unis se propage aux marchés financiers américains et mondiaux. Sur les neuf premiers mois de l'année, les principaux indices boursiers perdent plus de 30 %. La crise s'aggrave début octobre avec des chutes approchant 10 % sur de nombreux marchés mondiaux le lundi 6 octobre et le vendredi 10 octobre. Les autorités économiques tentent de réagir avec la politique budgétaire – plan de relance, mesures de recapitalisation des banques en difficulté – et monétaire – baisse des taux d'intérêt des banques centrales, injections massives de liquidités –, mais les Bourses pour l'instant cèdent à la panique. Les perspectives économiques en Europe et aux Etats-Unis se dégradent, et la récession pointe. La crise pourrait encore durer plusieurs trimestres. Le point bas des Bourses n'est donc peut-être pas encore atteint...
Edouard Pflimlin, avec AFP

http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/10/10/les-krachs-boursiers-une-vieille-histoire_1105364_1101386.html

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