jeudi 12 mars 2009

RACHAT DE FORTIS : BNP-PARIBAS PEUT REMERCIER LES CONTRIBUABLES BELGES.

Rachat de Fortis : BNP-Paribas peut remercier les contribuables belges
LE MONDE 10.03.09 14h05 • Mis à jour le 10.03.09 14h05
Seule la chaussure sait si la chaussette a des trous.
Proverbe créole

La troisième fois sera peut-être enfin la bonne. Le gouvernement belge est parvenu à un nouvel accord pour vendre les actifs de Fortis, sa banque-assurance à problèmes, à BNP-Paribas. Les actionnaires de Fortis, qui avaient rejeté la version précédente le 11 février, obtiennent quelques améliorations mineures, et BNP-Paribas parvient à ses fins. Mais cet accord "gagnant-gagnant" est moins miraculeux qu'il n'y paraît : il est pour l'essentiel financé par une contribution accrue du gouvernement belge.
Comme prévu à l'origine, BNP-Paribas va prendre le contrôle de 75 % des activités bancaires de Fortis en Belgique et au Luxembourg. L'acquisition est payée en actions, pour un montant d'environ 2,8 milliards d'euros. En retour, la Belgique, qui avait pris le contrôle de Fortis à l'automne 2008, se retrouvera donc avec environ 11 % du capital de la banque française. C'est bien moins que les niveaux de valorisation retenus en octobre, dans la première mouture de l'accord. Mais beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la finance internationale depuis l'automne : le cours de BNP a chuté de près de 70 %, et Fortis a révélé avoir perdu 6 milliards d'euros au dernier trimestre 2008.
BNP va aussi acquérir 25 % des activités assurance de Fortis. La banque française visait à l'origine 100 %, pour lesquels elle avait proposé 5,5 milliards d'euros en cash. Elle avait indiqué ensuite pouvoir se contenter de 10 %, pour apaiser les actionnaires minoritaires mécontents de Fortis, qui craignaient que leur groupe ne se transforme en coquille vide. La valorisation reste la même au troisième tour, mais BNP n'aura à débourser qu'environ 1 milliard, puisque l'acquisition va se faire à travers Fortis banque - et sera donc financée pour un quart par le gouvernement belge.
Celui-ci a aussi accepté de prendre à sa charge une large partie des risques futurs de l'opération. Environ 11,4 milliards d'actifs toxiques de Fortis seront cantonnés dans une structure dont BNP ne possédera que 12 %, contre 43 % pour l'Etat belge et 45 % pour ce qui restera de Fortis, sous forme de holding. Le contribuable belge prendra aussi à sa charge 1,5 milliard de pertes éventuelles sur un autre portefeuille de crédits structurés qui restera au sein de Fortis banque.
Enfin, la Belgique aidera la BNP à maintenir ses ratios de fonds propres. Elle s'est engagée à injecter jusqu'à 2 milliards de fonds publics dans Fortis banque si son ratio "tier one" (fonds propres) baissait en dessous de 9,2 % dans les trois ans à venir.
Si cette nouvelle version est approuvée par les actionnaires de Fortis, la BNP aura atteint son but de devenir la première banque de dépôts de la zone euro. Elle peut en remercier les contribuables belges. Que ceux-ci soient enthousiastes, ou pas, est une autre question.

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