samedi 30 août 2008

ENGIS. CATASTROPHE DE 1930.

SOCIETE CHIMIQUE PRAYON RUPEL A ENGIS.
Cette usine est classée entreprise SEVESO suite au stockage et au transvasement de produits chimiques dangereux :
Ammoniac : NH3
Dioxyde de soufre : SO2



Du 1er au 5 décembre 1930, alors que le brouillard recouvre une grande partie de la Belgique, une inversion de température à 70-80 m se produit dans la vallée de la Meuse, entre Huy et Jemeppe-sur-Meuse. Cette section du val mosan, au milieu de laquelle se trouve Engis, constitue un bassin industriel fort important et abrite de nombreuses usines utilisant la combustion du charbon.

La vallée connaît alors des conditions
anticycloniques, une température de 1 à 2°C, un très faible vent (1 à 3 km/h), une accumulation de gaz et de particules de suie. Le brouillard persistant maintient au niveau du biotope humain les particules fines en suspension dans l'air et les particules de dioxyde de soufre (SO2) produites par les industries ; hommes et animaux ne peuvent que les respirer.

Les dégâts sont quasiment immédiats : dès le troisième jour, des milliers de personnes sont atteintes de troubles respiratoires (irritation de la gorge, douleurs dans la poitrine, quintes de toux, respiration difficile, augmentation de l'
adrénaline, nausées, vomissements). Soixante personnes, âgées ou souffrant d'affections cardiaques ou pulmonaires, décèdent en deux jours[1] soit une augmentation de 10,5 % par rapport à la mortalité habituelle.

Ce drame suscite immédiatement une violente émotion au niveau local, national et international ; les journaux parlent de « mort noire »
[2], de « Vallée de la Mort »[3], de « brouillard homicide »[4].

Dès le 6 décembre, une enquête judiciaire est ouverte et un comité d'experts nommé pour déterminer les mécanismes des accidents.
[5]. Les dix autopsies pratiquées révèlent la présence de mucosités dans la trachée et les bronches, des œdèmes pulmonaires et des hémorragies mais pas de signe d'empoisonnement systémique. Les résultats de l’expertise sont publiées en 1931 dans le Bulletin de l’Académie Royale de Médecine de Belgique.

Ce rapport constitue un point de repère dans l'histoire de la
pollution de l'air car c'est la première fois qu'est établie scientifiquement la démonstration de la mortalité et des maladies engendrées par la pollution de l'air. Il identifie les mécanismes du brouillard hivernal, l'inversion de température, les résultats de la combustion du charbon, les sujets à risques et il prédit de futurs désastres… « Si les mêmes conditions se trouvent réunies, les mêmes accidents se reproduiront. (…) Si un désastre survenait à Londres dans des conditions analogues on aurait à déplorer 3 179 morts immédiates » ; ces prédictions vont malheureusement être confirmées par les faits : en 1952, Londres va subir un épais brouillard du 5 au 9 décembre ; en trois mois, on va compter 12 000 décès supplémentaires à la mortalité normale.

Ce drame a eu une forte répercussion dans la littérature scientifique. Au plan local, Engis est devenue l'une des communes les plus surveillées quant à la pollution, mais les évènements de 1930 sont peu à peu tombés dans l'oubli. La commune d'Engis a cependant célébré le 70e anniversaire du drame, en décembre 2000, par l'installation devant la maison communale d'une sculpture de l'Engissois Paul Vandersleyen.

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