samedi 27 octobre 2007

LA VIE S'ECOULE LA VIE S'ENFUIT.


Gilles Servat, qu'il reçoive mon salut fraternel, a mis en musique il y a déjà quelques années (1994), ce qu'il qualifie d'un "anonyme belge" : chanson écrite dans les années soixante (1960) par des ouvriers belges.

Peut-être a-t-il raison. Mais suivant une autre source que j'ai creusée, l'auteur des paroles pourrait être Raoul Vaneigem.

Mais ce serait un Vaneigem avant qu'il se soit replié - comme presque chacun d'entre nous - sur des positions de défense minimales.

J'aime à penser, comme Gilles Servat, qu'il s'agit d'un anonyme belge...

La vie s'écoule la vie s'enfuit
Les jours défilent au pas de l'ennui
Parti des rouges parti des gris
Nos révolutions sont trahies

Le travail tue le travail paie
Le temps s'achète au supermarché
Le temps payé ne revient plus
La jeunesse meurt de temps perdu

Les yeux faits pour l'amour d'aimer
Sont le reflet d'un monde d'objets
Sans rêve et sans réalité
Aux images nous sommes condamnés

Les fusillés les affamés
Viennent vers nous du fond du passé
Rien n'a changé mais tout commence
Et va mûrir dans la violence

Tremblez repères de curés
Nids de marchands de policiers
Au vent qui sème la tempête
Se récoltent les jours de fête

Les fusils vers nous dirigés
Contre les chefs vont se retourner
Plus de dirigeants plus d'état
Pour profiter de nos combats

La vie s'écoule la vie s'enfuit
Les jours défilent au pas de l'ennui
Parti des rouges parti des gris
Nos révolutions sont trahies

Comment ne pas, en outre, publier les paroles de cette chanson de Gilles Servat lui-même ?

LITANIES POUR L'AN 2OOO. Gilles SERVAT.
En ce temps il était possible
D'aller dans la rue sans son flingue
Car il n'y avait que les dingues
Qui prenaient les passants pour cible

C'était encore peu répandu
Quand on descendait à sa cave
De trouver vingt surhommes très braves
En train d'violer une inconnue

On pouvait circuler en ville
Sans peur, sans fouille systématique
Sans recevoir des coups de trique
De la part d'un vigile viril

Je garde en moi le souvenir
En ce moi de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir

Le couvre-feu n'existait pas
Les lumières brillaient dans la nuit
On sortait bien après minuit
Car l'énergie nous manquait pas

Y avait encore des rossignols
Qui chantaient par les nuits d'été
J'avais pas d'masque sur le nez
L'oiseau tombait pas en plein vol

Il existait des grands chemins
Que les bandits fréquentaient guère
Aujourd'hui on croirait la guerre
Les embuscades au petit matin

Je garde en moi le souvenir
En ce mois de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir

On avait encore une adresse
Pas de loisirs obligatoires
Pas de télé obligatoire
Et pas de matricule aux fesses

On pouvait prendre pour confesseur
Sa femme, son enfant, sa sœur
Sans être sûr d'ouvrir son cœur
Au ministère de l'Intérieur

Et même se regarder en face
Sans s'demander si c'est un flic
Si c'est soi-même ou un indic
Dont on voit les yeux dans la glace

Je garde en moi le souvenir
En ce moi de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir

Il restait les derniers pavés
Il n'y avait que les maisons
Les trains, les cars et les avions
Qui avaient l'air conditionné

On avait encore le droit d'grêve
Et le cerveau en liberté
Machin avait pas inventé
La machine à lire les rêves

Avant qu'le siècle ne s'achève
Nous avons vaincu le cancer
Mais on ne meurt pas moins qu'hier
Les suicides ont pris la relève

Je garde en moi le souvenir
En ce moi de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l'on sentait tout ça venir

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