mardi 18 mars 2008

DANIEL GUERIN (1904-1988).

Bien sûr, tout cela est très compliqué.
Je reparlerai forcément de Daniel Guérin qui eut une influence majeure sur mes idées et ma pratique politiques.

À partir de 1959 et de la publication de Jeunesse du socialisme libertaire, il cherche une voie nouvelle dans une synthèse de l'anarchisme et du marxisme. Il plaide pour concilier le meilleur de ces deux systèmes de pensée.
Le marxisme libertaire reste l'apport majeur de ce militant : pour un socialisme contemporain authentique, tourné vers l'avenir, encore nécessaire et désirable malgré toutes les falsifications.

L'extrait d'interview suivant réussit à condenser sa pensée.
Le remède au schématisme, c'est la lecture de son oeuvre...

Quelle signification a pour vous le mot socialisme sur le plan intellectuel et sur le plan affectif ?
Le mot socialisme a été vidé de son contenu tant sur le plan des idées que sur le plan affectif. Les livres se comptent aujourd’hui sur les doigts qui expriment un socialisme authentique. On cherche en vain sur la planète un seul pays qui soit authentiquement socialiste. En gros, le socialisme a été l’objet de deux falsifications principales, sous son étiquette, on écoule deux marchandises également frelatée : un vague réformisme parlementaire, un jacobinisme brutal et omniétatique.
Or, le socialisme a pour moi une signification très précise: la cessation de l’exploitation de l’homme par l’homme, la disparition de l’État politique, la gestion de la société de bas en haut par les producteurs librement associés et fédérés.
Estimez-vous que le socialisme est un fait du passé ou un fait du présent et de l’avenir? En d’autres termes, pensez-vous que le socialisme est un mouvement historique qui a fait son temps et qui, dans les conditions actuelles, doit être remplacé ou, du moins déconsidéré et réformé ?
Le socialisme falsifié qui a cours aujourd’hui est un fait du passé, le socialisme libertaire un fait de l’avenir. Le socialisme est un mouvement historique qui n’a nullement fait son temps. C’est le capitalisme qui a fait son temps et qui doit d’urgence être remplacé, afin que l’humanité survive. Toute sa force, le socialisme la tire de la carence et de la banqueroute du capitalisme. Le socialisme bafouille et n’existe nulle part, mais jamais sa nécessité historique n’a été aussi impérieuse. Sous sa forme actuelle dénaturée, il n’est pas adapté aux nécessités présentes. Mais il ne s’agit pas de le "reconsidérer"ou de le "réformer", il faut le rendre à lui-même, lui restituer son vrai visage révolutionnaire, antiétatique et libertaire.
Daniel GUERIN. Sur le socialisme.
Extrait d'une enquête de la "Chronique sociale de France". 1960.

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