Le retour des risques politiques et sociaux.
Le Monde.fr. mer 17 déc, 14h36.
Les marchés vont devoir à nouveau intégrer la variable politique dans leur évaluation des risques. Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a attiré l'attention sur le fait que les gouvernements doivent rapidement empêcher la récession économique de laisser les troubles sociaux se généraliser. Les marchés feraient bien d'être attentifs eux aussi à cet avertissement.
L'année 2008 a été tumultueuse. Pourtant, les investisseurs se sont à peine émus des émeutes grecques ou des attaques terroristes de Bombay, de la même façon qu'ils ont superbement ignoré la guerre en Géorgie. De fait, depuis les attentats commis aux Etats-Unis en septembre 2001, les événements sociaux et géopolitiques n'ont eu aucun impact sur leurs placements. Mais aujourd'hui, cette bienheureuse indifférence touche peut-être à sa fin, et ce pour deux raisons.
La première est que la crise du crédit a rendu les investisseurs plus timorés face à toutes sortes de risques. La deuxième raison tient à l'interaction qui se développe entre le monde politique et la sphère financière. En mettant en oeuvre des plans de sauvetage et des nationalisations, les Etats se sont engagés plus avant sur le terrain des affaires. La prééminence du prisme politique gagne encore en puissance, maintenant que d'autres secteurs économiques viennent solliciter l'aide publique.
L'opprobre qui frappe le modèle de la finance libérale risque de rendre les orientations politiques défavorables aux investisseurs. La montée du chômage ne pourra qu'exacerber les tensions préexistantes, qu'elles soient de nature purement nationale ou liées à des frictions frontalières. Le mécontentement des peuples poussera les dirigeants affaiblis à prendre des mesures protectionnistes, nationalistes et anticapitalistes.
La grande dépression des années 1930 a engendré la deuxième guerre mondiale. Il est heureux que, grâce aux progrès qu'ont connus les infrastructures sociales et la coopération politique, de telles tragédies nous seront sûrement épargnées. Mais si l'appel de M. Strauss-Kahn à une intervention publique musclée reste sans réponse, les émeutes qui secouent la Grèce pourraient bien n'être qu'un avant-goût de ce qui nous attend.
(Traduction de Christine Lahuec.)
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/12/17/le-retour-des-risques-politiques-et-sociaux_1132194_1101386.html
Le Monde.fr. mer 17 déc, 14h36.
Les marchés vont devoir à nouveau intégrer la variable politique dans leur évaluation des risques. Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a attiré l'attention sur le fait que les gouvernements doivent rapidement empêcher la récession économique de laisser les troubles sociaux se généraliser. Les marchés feraient bien d'être attentifs eux aussi à cet avertissement.
L'année 2008 a été tumultueuse. Pourtant, les investisseurs se sont à peine émus des émeutes grecques ou des attaques terroristes de Bombay, de la même façon qu'ils ont superbement ignoré la guerre en Géorgie. De fait, depuis les attentats commis aux Etats-Unis en septembre 2001, les événements sociaux et géopolitiques n'ont eu aucun impact sur leurs placements. Mais aujourd'hui, cette bienheureuse indifférence touche peut-être à sa fin, et ce pour deux raisons.
La première est que la crise du crédit a rendu les investisseurs plus timorés face à toutes sortes de risques. La deuxième raison tient à l'interaction qui se développe entre le monde politique et la sphère financière. En mettant en oeuvre des plans de sauvetage et des nationalisations, les Etats se sont engagés plus avant sur le terrain des affaires. La prééminence du prisme politique gagne encore en puissance, maintenant que d'autres secteurs économiques viennent solliciter l'aide publique.
L'opprobre qui frappe le modèle de la finance libérale risque de rendre les orientations politiques défavorables aux investisseurs. La montée du chômage ne pourra qu'exacerber les tensions préexistantes, qu'elles soient de nature purement nationale ou liées à des frictions frontalières. Le mécontentement des peuples poussera les dirigeants affaiblis à prendre des mesures protectionnistes, nationalistes et anticapitalistes.
La grande dépression des années 1930 a engendré la deuxième guerre mondiale. Il est heureux que, grâce aux progrès qu'ont connus les infrastructures sociales et la coopération politique, de telles tragédies nous seront sûrement épargnées. Mais si l'appel de M. Strauss-Kahn à une intervention publique musclée reste sans réponse, les émeutes qui secouent la Grèce pourraient bien n'être qu'un avant-goût de ce qui nous attend.
(Traduction de Christine Lahuec.)
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/12/17/le-retour-des-risques-politiques-et-sociaux_1132194_1101386.html
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