mercredi 26 novembre 2008

QHS DANS LES PRISONS BELGES.

Des quartiers de haute sécurité dans les prisons font scandale en Belgique.
LE MONDE 21.11.08 14h58 • Mis à jour le 21.11.08 15h17.
BRUXELLES CORRESPONDANT.

En jargon judiciaire et en néerlandais, cela s'appelle l'"AIBV", à savoir la "section de mesures de sécurité individuelles particulières". En français, cela pourrait s'appeler un QHS, quartier de haute sécurité. Pour les prisonniers qui y séjournent en Belgique, l'endroit porte un nom plus simple : "Guantanamo".
Le témoignage d'un jeune prisonnier de Bruges, en Flandre, sur sa vie dans ce type de quartiers souterrains illustre, en tout cas, de manière brutale une pratique que peu de Belges connaissaient et dont la conformité aux droits de l'homme est, au moins, douteuse. Ashraf Sekkaki, 25 ans, est ce qu'on peut appeler une forte tête. Décrit comme très brutal, il a à son actif une dizaine d'attaques de banques et plusieurs actes de violence. Il avait 16 ans quand un juge de la jeunesse s'est dessaisi de son dossier. Depuis, il n'a quitté qu'une fois la prison lors d'une cavale qui a duré cinq mois, en 2003.
Dans des lettres au quotidien De Morgen - qu'il a fait sortir en violation des règlements -, le jeune homme se défend d'avoir jamais utilisé une arme. Mais son comportement, ses menaces et son obstination ont justifié son inscription sur la liste des détenus les plus dangereux du royaume. Il est, depuis juin 2008, l'un des pensionnaires de l'AIBV de Bruges. Cette section que l'on atteint, selon des avocats, après avoir déambulé dans des couloirs longs d'un kilomètre et entrecoupés de points de contrôle, a été créée il y a près d'un an. Ce projet du ministre de la justice, Jo Vandeurzen, chrétien démocrate flamand, se voulait une réponse à l'évasion d'un autre truand célèbre. Et s'ajoutait au "régime extra" déjà en vigueur et réservé aux auteurs de faits graves. L'AIBV compte 10 cellules - dont 6 sont actuellement occupées - et 31 gardiens. Elle aurait un équivalent à la prison wallonne de Lantin, près de Liège.
Dans ses lettres, Ashraf Sekkaki énumère les conditions de sa détention : pas de contact avec l'extérieur, pas de courrier - pas même pour les cours qu'il suit -, pas de visites sauf celle, strictement réglementée et surveillée, de son avocat. Il dit devoir subir deux fouilles corporelles approfondies chaque jour, ainsi qu'une fouille de la cellule, un isolement complet de 23 heures sur 24 avec une "promenade" autorisée dans une sorte de cage grillagée, menottes aux poignets et aux chevilles. Le chauffage n'est pas allumé avant la fin du mois d'octobre. "Je me sens comme dans un laboratoire où l'on voudrait tester jusqu'où l'on peut aller", a expliqué le jeune truand.
Exagération ? "Non, il dit la vérité", affirme Me Nathalie Buisseret, avocate de Farid Bamouhammad, un autre locataire de la prison de Bruges, voisin d'Ashraf Sekkaki. Un autre avocat, Sven Mary, décrit une situation "pire que l'enfer, hallucinante" où l'on refuserait jusqu'à une brosse à dents ou des médicaments aux détenus. Me Mary entend lancer prochainement une citation contre l'Etat belge. De son côté, le ministre de la justice s'est dit "abasourdi" non pas par le contenu des informations diffusées mais par la "mauvaise foi" et "l'éloignement par rapport à la réalité" du témoignage. Pour M. Vandeurzen, l'expérience de l'AIBV est concluante et l'attitude des détenus à l'égard du personnel s'est améliorée.
L'instauration de tels quartiers n'est pas formellement interdite par la loi belge, d'ailleurs assez floue et appliquée par une administration qui jouit d'une grande marge de manoeuvre. La section belge de l'Observatoire international des prisons dénonce, elle, le fait qu'à la privation de liberté s'ajoute une "deuxième peine", assortie de mesures de contrainte particulières. Et cela alors que la Belgique enfreindrait déjà la Convention internationale des droits de l'homme et les recommandations du Conseil de l'Europe, notamment par la surpopulation carcérale. Le royaume compte quelque 10 000 détenus pour 8 300 places disponibles dans ses 33 prisons.
Jean-Pierre Stroobants.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/11/21/des-quartiers-de-haute-securite-dans-les-prisons-font-scandale-en-belgique_1121530_3214.html

Préavis de grève au quartier de haute sécurité de Lantin.
13.11.08 - 16:13 Le personnel du quartier de haute sécurité (QHS) de la prison de Lantin, réuni en front commun syndical, a déposé mercredi un préavis de grève, ont annoncé jeudi les syndicats. Le préavis arrive à échéance le vendredi 21 novembre prochain.
"En juin, deux QHS ont été ouverts en Belgique, l'un à Lantin et l'autre à Bruges, afin de faire face à la problématique des détenus particulièrement dangereux ou difficiles à gérer", explique Gaston Merkelbach, secrétaire permanent CSC.
"Il nous avait alors été promis que nous disposerions du personnel nécessaire, que celui-ci serait doté de tenues d'interventions adéquates, avec casque et protections, et qu'une prime mensuelle de 150 euros serait versée aux agents. Aucune de ces promesses n'a été tenue."
Selon les syndicats, il manque toujours cinq agents dans le cadre, et la prime n'a jamais été versée.
A l'heure actuelle, il n'y a que cinq ou six détenus dans les 15 places du QHS de Lantin, mais le QHS est utilisé pour la plupart des prévenus du procès Habran qui se tient actuellement à Liège. Une grève du personnel du QHS pourrait donc poser problème pour les transferts quotidiens de ces détenus vers le Palais de Justice.
"Et on ne peut pas transférer n'importe quel agent dans les QHS pour remplacer les grévistes, puisqu'il faut suivre une formation d'un mois pour y travailler", souligne encore M. Merkelbach.
Le problème sera soulevé par les syndicats lors de la prochaine réunion de concertation nationale dans le cadre des négociations sociales sur les prisons, mardi prochain.

2 commentaires:

J.C. 4040 a dit…

Les prisons belges ? De vrais poubelles dirigées par une majorité de matons plus fénéants les uns que les autres qui se foutent en grève pour un oui ou pour un non. Que dire de ces gros tas qui dirigent l'ex bloc U de Lantin sinon qu'ils bossent encore moins que leurs autres collègues déjà pas courageux. Ils demandent une augmentation et une prime de risque mais, les risques, ce sont les détenus qui les prennent vu que pour un mot de travers ces braves matons arrivent en nombre pour écraser le détenu qui a refusé d'être le mouton du système. Mais il n'y a pas que les Q.H.S. de Bruges et de Lantin car on parle rarement des cachots qui existent dans la majorité des prisons et où l'arbitraire règne également. J'ai vécu aux côtés des matons et, la majorité d'entre-eux, m'ont appris la haine. Les cachots et les mois d'isolement ne m'ont jamais calmé...

Anonyme a dit…

Les prisons belges ? Là où les prévenus (présumés innocents) sont entassés par paquets de 5 dans des cellules-poubelles, dépourvue de tout-à-l'égout et en principe prévue pour 2, grand maximum. Je n'ai rien contre le fait que des prisonniers qui purgent vraiment une peine soient détenus dans des conditions décentes, bien au contraire, mais je trouve qu'a fortiori, en préventive, puisqu'on est présumé innocent, on devrait bénéficier d'AU MOINS les mêmes conditions de détention que les condamnés, ce qui est LOIN d'être le cas !!!