L'antenne de Police par JACQUES M., CARDIOLOGUE.
27.04.09
Mercredi vers 17 heures dans une allée ensoleillée et calme du Parc de Monceau j'attends assis sur un banc, en charge de ma petite fille âgée de 8 mois qui dort dans sa poussette. J'attends le retour de ma fille de son travail.
Un peu plus loin, sur un banc, deux jeunes gens, garçon et fille, d'allure non conventionnelle, sans plus, bavardent tranquillement.
Surviennent deux agents de police à bicyclette, roulant lentement, et qui, voyant un des jeunes rouler une cigarette, fondent sur eux, hument la cigarette.
Hachich ? l'expertise sur le pouce ne parait pas concluante car abandonnant cette analyse ils entreprennent de fouiller avec autorité les affaires des deux jeunes : sacs, porte-documents, ouverture des paquets de cigarette, poches vidées. Pas de violence physique mais une exigence impérieuse qui ne permet pas le refus. Et pour terminer les emmènent au poste. Presque en souriant !
Les agents semblaient déçus de n'avoir peut être rien trouvé de "suspect".
Juste deux jeunes au soleil sur un banc public qui ne se bécôtent pas encore.
J'ai hésité à intervenir parce que cela signifie aujourd'hui risque d'être embarqué et garde à vue ; et je ne peux prendre ce risque avec ma petite fille.
Excuse à une petite lâcheté ? Ou retenue devant la Police par réflexe ?
Car que je rumine mon humiliation des jours précédents au moment de renouveler ma carte d'identité (déjà sécurisée) : né à Paris en 1941 de parents polonais, je suis déclaré Français dès ma naissance selon le droit du sol, non abrogé par Pétain, en attente du nouveau code de la nationalité, alors que mes parents sont déjà pourchassés comme juifs et que nous échapperons à la rafle du Vel d'Hiv.
"Il faut prouver que vous êtes Français" m'a-t-on dit à l'antenne de police puisque l'extrait d'acte de naissance indiquant la Pologne comme lieu de naissance pour mes parents (naturalisés en 1947), ne permet pas "d'établir mon appartenance à la nationalité française" et qu'importe si la République laïque m'a permis de devenir médecin français, si j'étais assez français pour mon service militaire et visiter l'Algérie, il m'a fallu exhumer ce papier jauni et fatigué de 1941 jamais ressorti pour que j'existe à 68 ans comme Français.
Ce mercredi je n'ai pas été contrôlé par la Police au Parc Monceau : je présentais bien et qu'importe, j'avais dans ma poche ma nouvelle carte d'identité de Français .
http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2009/04/27/l-antenne-de-police_1185730_3232.html
CE QUI M'INQUIETE C'EST CERTAINES REACTIONS (lesquelles à votre avis ?) :
stéphane m.
02.05.09 07h47
Concernant votre non intervention, vous avez bien fait, car il est interdit d'entraver un contrôle de Police... Pour le mélange dans votre texte de Pétain, de rafle du Vel d'Hiv, et sur le fait que l'on doit prouver que l'on doit être français... C'est ffectivement un minimum, car dans le passé, il y a eu des abus. Le ou les policiers qui vous ont dit cela n'ont fait que répondre à votre question. On voit à peine que vous êtes orienté dans vos propos... Sur ce bonne journée monsieur.
stéphane m.
02.05.09 07h43
Un mélange des genres nauséabond de l'auteur de cette article. Les fonctionnaires voient un ou deux jeunes rouler une cigarette. Ils décident selon vous ou du moins sous entendu que leurs tenues poussent aussi à faire un contrôle. Où est le problème ? A partir du moment où l'agent de Police pense qu'il existe une possibilité d'effectuer un contrôle, ils le font. Vous feriez quoi à leurs places ? Passer devant ? Soyons sérieux...
Jean-Marc D.
01.05.09 20h30
C'est de plus en plus effrayant de se demander si il faut plus se plaindre de la mise en place d'un régime autoritaire ou de la passive complicité de beaucoup de "bons Français"
Julien B.
01.05.09 15h52
Nous sommes prêts pour un régime autoritaire, ça ne fait pas un pli, et on peut même lire ici les réactions de certains qui sont prêts à y collaborer activement.
Le Mosellan
01.05.09 12h47
On peut toujours intervenir sur une action de police.C'est ainsi que ma femme a défendu,rue Serpenoise à Metz,une mendiante quelque peu bousculée par des agents.Ca s'est terminé par des "ça va!" de part et d'autre.Et c'est tout!..Ils ont bien vu qu'ils s'y sont pris maladroitement.De là à conclure qu'on est en régime policier,il n'y a que des cardiologues pour le faire.Et à trouver abondamment des échos.
Philippe B.
01.05.09 10h08
Peut-on signaler à ce correspondant que la carte nationale d'identité n'a été obligatoire que sous Vichy, pour repérer les juifs, précisément. Cette obligation (n')a été abrogée (que) en 1955. La seule obligation est de pouvoir justifier de son identité, ce par tous moyens.
Phil67
01.05.09 09h42
Le style de réponse du "Mosellan" interroge, car c'est ce style teinté de morale et de mise en doute face aux dires des autres qui permet n'importe quelle dérive, qui permet d'excuser n'importe quelle fouille et humiliation des autres, sauf quand cela arrive pour la personne elle-même qui alors explose et exige des excuses. Le style de personne fière qui ne vit que pour elle, hors de la collectivité et qui, en cas de problème, voudra bénéficier de la protection de cette collectivité.
Claire
30.04.09 19h18
En vérité, je peux "comprendre"; mon nom est étranger, et je sais que ma nièce a eu du mal avec ses papiers : elle est née en Iran d'un père français, lui-même né en Algérie d'un père français par le droit du sol. Ce qui m'étonne, c'est qu'on fasse tout un plat de la nécessité de justifier de sa nationalité. Je n'y vois ni "humiliation", ni "discrimination" (etc.) : seulement un corollaire de la chance que j'ai d'être française, et d'un pays où l'on n'entre pas comme dans un moulin.
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