lundi 29 octobre 2007

LETTRE A UN JEUNE. 4.

Jean-Louis Corby. La Ronde.

Je t’avais prévenu que c’est « un choix de vie », mais te laisse-t-on encore le choix ? Je ne vais pas recommencer à t’expliquer comment je l’envisageais pour moi et quels compromis j’ai fait avec la vie professionnelle.

Pour ce qui me concerne - et c’est un sentiment qui n’engage que moi – je considère que ce que j’ai fait et l’attitude que j’ai eue depuis le début jusqu’à la fin comme la dimension de ma vie la plus mature et la plus réussie. Cela ne vaut que pour moi et cela veut surtout dire que j’ai fait plein de conneries dans d’autres domaines, mais il faut quand même me laisser quelque chose…

J’ai réussi à n’être jamais bouffé par mon travail et à être cohérent avec mes idées, mais j’ai déployé autant d’énergie à cela que d’autres à s’enrichir.

On ne peut pas s’approprier la vie de quelqu’un pour un salaire : on ne peut lui prendre qu’un temps délimité. Il faut pouvoir quitter son boulot le soir à l’heure après l’avoir exécuté ; je dis ça même si, à ce point de vue, ce n’était pas tout à fait vrai puisque j’étais enseignant mais c’est à cause de ça aussi qu’on n’assurait que 20 heures de cours. Ce qui me paraît tout à fait correct.

Contre un salaire, je veux bien donner du travail, mais pas ma vie…

Maintenant on exige ta vie. Et pour pas cher…

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