Jean-Louis Corby. Le premier qui tombe. ----------------------------------------------------------------
Note liminaire importante :
Ce n’est pas parce que l’on passe sa vie à essayer de voir clair dans l’évolution du monde que l’on y parvient… Et ce n’est pas parce que l’on y réussit que l’on peut avoir la prétention de donner des conseils individuels qui dépendent d’ailleurs fondamentalement des désirs et, plus profondément, de l’engagement (même et surtout inconscient) et des contradictions personnelles qui y sont liées (aux désirs et à l’engagement). Les époques sont différentes aussi : des choses pouvaient se faire qui ne le pourraient plus et visse vers ça (ou vice..., tu m'as compris...).
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La situation que vous vivez (ta génération), comme je l’expliquais quelque peu dans un récent message, doit être très douloureuse.
Pourtant, je la prévoyais et - cela va t’étonner -, je l’espérais depuis longtemps.
Je savais que, à la manière dont la société évoluait, elle allait se mettre à exclure les moins qualifiés mais aussi les hyperqualifiés que produisent à cadence industrielle nos structures d’enseignement et, singulièrement, les universités.
Il me semblait que ces derniers exclus, mis dans cette situation, auraient au moins acquis les méthodes d’analyses qui devraient leur permettre de fabriquer leurs moyens de libération.
Que le savoir acquis leur donnerait la maturité et le jugement qui leur permettrait de gérer les mutations avec un maximum de chance que les choses se déroulent moins cruellement que lors des mouvements précédents qui, de plus, ont échoué.
Je suis maintenant devenu très pessimiste : je crains qu’il ne soit trop tard ; je pense qu’au niveau de la cruauté de la répression, on est loin d’avoir tout vu; je suis sûr, qu’en cours de route, les meneurs de ce mouvement (si, contre toute attente, il avait lieu) penseront avant tout à se servir et (ou) à se maintenir au pouvoir.
Et j’en viens à penser, avec l’âge, que la vie est décidément bien courte et qu’il vaut encore mieux ne rien faire et se protéger le mieux possible - soi ainsi que ses proches - des conséquences de l’évolution sociale que je crois maintenant inéluctable. Et on en revient, toi et moi, bien que dans une situation différente face à la vie - puisque toi tu la commences et moi on dit que je vais vers la fin - au problème commun : faut bien bouffer…